Avec la pandémie de Covid-19, avons-nous élevé le "sanitaire" comme une valeur suprême et absolue ? Pour en discuter, le père Bruno Saintôt, jésuite, directeur du département d'éthique biomédicale au Centre Sèvres est au micro de Frédéric Mounier.
"Ce qui est contestable c'est l'hygiéniste qui élève le sanitaire au rang de valeur suprême et absolue" disait la philosophe et écrivaine Chantal Delsol. Partant de cette citation, Frédéric Mounier et son invité le père Bruno Saintôt pose la question de l'hygiénisme dans le débat actuel autour de la vaccination. Pour le père jésuite il est important de rappeler "qu'une vie humaine ne se réduit pas à une vie biologique".
En effet, il est nécessaire de voir la vie dans sa globalité au niveau du relationnel, du politique et du spirituel. Pour le père Saintôt, nous ne sommes pas tout à fait dans le cas de figure que décrit Chantal Delsol. Après un début de gestion de crise sanitaire plutôt radicale, avec par exemple l'interdiction pour les familles d'accompagner les défunts, la gestion actuelle de la situation est plus "graduée" selon le jésuite. "Nous avons vu, à la faveur de la pandémie, ce qui nous rendait plus humains [...] nous n'avons pas besoin que les gens soient en vie, mais qu'ils soient en vie humaine" interprète-t-il. Selon lui, nous ne sommes pas encore dans la "dérive idéologique hygiéniste" car "nous avons des moyens, nous avons pris conscience d'un certain nombre de choses et nous avons collectivement les ressources pour éviter ce genre de choses".
Nous avons appris à tenir compte des liens humains fondamentaux qui ne sont pas à détacher de la vie biologique
Naturopathie, huiles essentielles, médecine chinoise depuis le début de la pandémie de Covid-19 il y a un regain de faveur pour les médecines alternatives au sein de la population française. Pour la père Saîntot, ce nouvel élan est significatif d'une chose : les patients cherchent à être écoutés, ce qu'ils peuvent plus facilement trouver dans les médecines alternatives.
"Quand quelqu'un est écouté, quand quelqu'un a confiance dans la relation thérapeutique ou médicale, ça va déjà mieux. Parce qu'être écouté est un besoin fondamental" analyse le directeur du département d'éthique biomédicale au Centre Sèvres. Les médecines alternatives ont une prise en charge souvent plus holistique du patient, mêlant psychisme et physique. Or, l'écoute et la prise en charge globale sont des besoins de plus en plus exprimés par les citoyens français dans leur rapport à la médecine. Un constat qu'il faut entendre mais qui n'empêche pas d'être vigilant au vue de certaines dérives que l'on peut trouver dans les médecines alternatives. "Le remède miracle n'existe pas" rappelle le père Saîntot.
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