Lundi s’est ouvert à Paris le procès de l’attentat de la basilique Notre-Dame, à Nice, en octobre 2020. Attentat après attentat, on a trop vite fait de se laisser sidérer par l’horreur, la haine, la fascination morbide pour le sang que les djihadistes provoquent. Et pourtant, mystérieusement, certains de ces crimes font parfois surgir des signes d’espérance.
Trois personnes avaient été tuées par un terroriste islamiste. Elles s’appelaient Nadine Vincent, Simone Barreto Silva, Vincent Loquès. Sans cette tragédie qui leur a arraché la vie, ces trois personnes seraient restées pour la plupart d’entre nous d’anonymes paroissiens. Attentat après attentat, on a trop vite fait de se laisser sidérer par l’horreur, la haine, la fascination morbide pour le sang que les djihadistes provoquent. Et pourtant, mystérieusement, certains de ces crimes font parfois surgir des signes d’espérance… Certes, un procès place en son centre un accusé, mais c’est bien le visage de ses victimes que j’aimerais ce matin regarder dans les yeux.
Quand l’islamiste pénètre dans Notre-Dame-de-l’Assomption, ce 29 octobre 2020, il est 8h29. Or, qui trouve-t-on dans une église un jeudi matin à cette heure-là ? Pas des touristes, pas des curieux de passage, non. On trouve ces croyants qu’on appelle, sans toujours y penser, du beau nom de « fidèles ». Ceux qui viennent confier leur journée, allumer un cierge peut-être, donner un coup de main… Vincent Loquès est le sacristain, cette petite main discrète et pourtant indispensable. Quand un premier corps sans vie, celui de Nadine Vincent, est découvert, Simone Barreto Silva choisit d’entrer malgré tout dans l’église, sans doute par réflexe instinctif d’assistance. Vincent Loquès fait de même, avec un courage et un dévouement magnifiques. Aucun des deux ne survivra. Raison de plus pour leur rendre hommage.
Que des terroristes s’en prennent à ce christianisme souvent considéré comme résiduel, presque invisible, un peu méprisé parfois, n’a rien d’anodin. Ils rappellent aussi la force vive de cette foi, qui continue d’irriguer la société. Sans faire de bruit.
À la pulsion de mort djihadiste, s’oppose le témoignage de vies qui se donnent. En miroir, ce sont bien deux conceptions radicalement opposées du martyre qui s'expriment. L'une est féconde, l'autre stérile ; l'une est pure, l'autre travestie ; l'une forte en consentant à être faible, l'autre faible en se croyant forte.
« Dites à mes enfants que je les aime »… Comme une réponse de la victime à l’assassin. L’un est replié sur sa propre haine, l’autre tourne sa dernière pensée vers autrui. Comment mieux montrer qu’un geste de haine n’aura jamais la force d’un élan d’amour ? Mourir en aimant, mourir en laissant un dernier témoignage d’affection, n’est-ce pas le plus fort et le plus beau des signes ? Laissons-nous retourner intérieurement par ces mots d’une désarmante simplicité, d’une générosité désarmée.
À l’heure de ce procès, c’est ça que nous devons garder en tête, ça qui doit rester. Par leur fidélité, les victimes ne sont pas d’abord des victimes. Ce sont des témoins.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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