L’actualité nous interpelle avec la population ukrainienne prise en otage sous les bombes ou les victimes du tremblement de terre en Turquie et en Syrie : chaque visage déchiré par le deuil nous émeut, et chaque enfant sorti des décombres nous semble un miracle. Un drame singulier nous saisit de compassion, mais une détresse collective dépasse nos forces. Les éducateurs le savent : un jeune en détresse, c’est déjà difficile, mais des groupes de jeunes pris dans une spirale de violence, c’est la peur qui domine.
Don Bosco lui-même, dans la ville de Turin envahie par des jeunes émigrés en temps de guerre, s’est lancé en rencontrant un jeune dans la rue, un autre sur un quai de gare, le troisième chassé énergiquement de la sacristie par un sacristain trop prudent. On peut choisir d’offrir un accompagnement personnalisé à chacun, mais c’est aussi la réalité de qui est démuni et ne peut assurer au jour le jour que l’aide du Bon samaritain. Ce qui est surprenant, c’est la capacité de Don Bosco de solliciter ensuite les premiers arrivés dans la maison pour accueillir les nouveaux, aider à surveiller les petits, organiser les activités sportives, musicales, et ainsi de suite…
Peu à peu est le mot exact : le premier “oratoire” (un centre aéré) a longtemps été chassé d’un lieu à l’autre sous les protestations des voisins, avant de trouver refuge dans un quartier déjà “mal famé”, et où les commerçants avaient sans doute déjà l’habitude de faire crédit. Pour restaurer la confiance envers ces jeunes de la rue, la politique de Don Bosco reste la même : il les présente comme apprenti, un par un, à tel patron qu’il connaît et qui accepte de le former. Mais un réseau solidaire s’est construit progressivement qui dépassait Don Bosco, comme aujourd’hui les nombreux coopérateurs, paroissiens, amis, professionnels de l’action sociale et des établissements scolaires qui constituent le réseau Don Bosco. Un réseau qui a pris une dimension internationale : je pense aux étudiantes de notre foyer à Paris, aux deux jeunes femmes en demande d’asile qui y sont accueillies, aux jeunes Indiennes stagiaires que la communauté héberge ces jours-ci. Réseau solidaire aussi pendant le Carême qui répondra cette année aux appels des communautés salésiennes d’Ukraine et de Turquie-Syrie : n’hésitez pas à nous rejoindre sur le site salésiennes-donbosco.net ou fondationdonbosco.org.
Nous regrettons parfois que les jeunes fonctionnent à coup d’engagements éphémères, répondant sur le champ aux appels du moment devenus “viraux” sur le net, et ne répondant toujours qu’au dernier moment à nos sollicitations. Mais n’est-ce pas un indice de l’humilité des débuts ? On avance à coup d’actions sans cesse improvisées. L’histoire de la famille salésienne prouve qu’un relais de solidarité peut se constituer dans la durée et créer un milieu porteur pour des vocations éducatives et sociales durables, laïques ou consacrées. Alors apprenons à faire confiance aux jeunes, tout en les aidant à discerner et à se former lorsqu’ils se réunissent pour agir ensemble !
Cette chronique sur l'éducation vous est proposée en alternance par :
- Xavier de Verchère, salésien de Don Bosco, prêtre, aumônier général des Scouts et Guides de France
- Catherine Fino, salésienne de Don Bosco, théologienne moraliste, professeur à l'Institut Catholique de Paris (où elle est directrice du Département théologie morale et spirituelle)
- Michèle Decoster, salésienne de Don Bosco, formation dans le réseau scolaire Don Bosco (40 000 élèves)
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