LA CHRONIQUE D’ANTOINE BESSON - Le rédacteur en chef d’Asie Reportages évoque la force du lien à travers l’histoire de Nguyen, 8 ans, qui vit à Ho Chi Minh Ville et du lien avec sa marraine dans l’épreuve qu’il affronte.
Vous connaissez peut-être cet adage qui dit que c’est dans l’adversité qu’on mesure la force des liens qui nous unissent à nos proches. Il y a quelques semaines, j’étais au Vietnam pour rencontrer des enfants parrainés par Enfants du Mékong mais pour qui le parrainage ne représente pas une aide suffisante. Souvent, ces enfants travaillent en plus de l’école.
C’est le cas de Nguyen. Il a 8 ans et est l'aîné de 4 enfants. Il vit à Ho Chi Minh Ville, l’ancienne Saigon, avec ses deux parents. Chaque jour, en rentrant de l’école, ils sortent tous ensemble dans les rues, chargés de gants et d’un grand sac poubelle. Ils trient toute la soirée durant les déchets de la ville dans l’espoir de revendre des matériaux pour le recyclage. Ça pourrait paraître une situation désespérée mais pour Nguyen, c’est normal, c’est même un moment assez joyeux car il partage cette activité avec son papa, sa maman et ses frères et sœurs. Pour le petit garçon plein d’énergie, c’est presque un jeu.
Et bien parce qu’en rentrant en France quelques jours après cette rencontre, j’ai reçu un courrier alarmant : le père de Nguyen est décédé brusquement après notre rencontre. Une mort qui aurait pu être évitée grâce à une hospitalisation que la famille n’avait pas les moyens de payer.
Pour Nguyen et les siens, c’est une tragédie. Outre le traumatisme de perdre son papa à un âge si jeune, c'est aussi la perte du seul revenu stable de la famille alors que le dernier enfant n’a qu’un mois.
Notre premier réflexe, c’est d’appeler le parrain de l’enfant dans une situation comme celle-là ! D’abord pour le tenir informé et pour savoir s’il a le désir et les moyens d’aider cette famille.
En l’occurrence, pour Nguyen c’était une marraine. Voici ce qu’elle nous a répondu : « Votre mail m'a bouleversée... et ces tristes nouvelles m'ont tiré les larmes. J'avais eu l'occasion de rencontrer Nguyên il y a un peu plus d'un an. Je suis donc très touchée par tout ce qui peut lui arriver. Bien sûr, je vais lui écrire sans tarder. Je ne travaille plus, étant moi-même sur le point d’accoucher ; mais mon mari est d'accord pour adresser un don à la famille de Nguyen. Mais au-delà du courrier et du don, que puis-je faire ? Comment aider cette malheureuse maman ? (J’attends-moi aussi mon 4ème enfant, alors je n'imagine même pas les difficultés énormes qu'elle doit affronter seule, avec des si petits...). Mais surtout, je suis très attristée de savoir que mon filleul et son petit frère trainent dans les rues de Saigon le soir. Ils sont exposés à tant de dangers... »
Grâce à la mobilisation de tous et en particulier de cette marraine, Nguyen et sa famille ont pu être placés dans un foyer et les premières dépenses sont assurées. Le petit frère ne manquera pas de lait maternel dans les prochains jours. Pour moi, c’est le meilleur exemple qu’on puisse donner du lien unique qui relie un filleul et son parrain ou sa marraine : un lien qui dans l’adversité peut sauver des vies !
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