De l'enthousiasme de la COP21 aux incertitudes de la COP26, de l'eau a coulé sous les ponts. Pourtant depuis cinq ans, des Églises chrétiennes se mobilisent pour faire prendre conscience à leurs contemporains de l'urgence climatique.
Lors de la COP21, les organisateurs du rassemblement des chrétiens en la basilique Saint-Denis m’avaient demandé d’animer la matinée de rencontres avec les représentants des Eglises mais aussi en présence de Nicolas Hulot, de nombreux jeunes militants, et de Christiana Figueres, alors secrétaire générale de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Je me souviens du texte publié par le Conseil d’Eglises chrétiennes en France qui invitait à une sobriété et une simplicité heureuses. Je me souviens de l’enthousiasme et de l’espoir si fort né de ces journées et de l’Accord de Paris. C’était il y a 5 ans à peine... Depuis, en ce début de COP26, je ne peux qu’être tiraillée entre désespoir et espérance, en essayant de m’accrocher au second terme. J’essaie de comprendre ce qu’il nous faudrait encore pour que la prise de conscience sur l’état de notre planète devienne une évidence.
Tout l’été, les preuves étaient là, sous nos yeux, avec ces incendies gigantesques en Australie et dans l'ouest des Etats-Unis, ces inondations en Chine et en Europe, ces feux dans le bassin méditerranéen, ce dôme de chaleur au Canada, ces températures proches de 50°C en Sibérie, ces ouragans et tempêtes successifs dans les Caraïbes et le Golfe du Mexique, ces nuées géantes de criquets en Afrique de l'est, ces cyclones au Mozambique, cette sécheresse extrême à Madagascar qui entraîne aujourd’hui la famine... Et la liste n’est même pas exhaustive. Dans les jours de désespoir, je ne vois que cela.
Dans les moments de confiance, je m’accroche aux milliers d’initiatives menées partout dans le monde pour que les choses changent. Des prophètes existent qui ouvrent de nouvelles voies, qu’ils soient maires de grandes villes ou jeunes activistes écologistes qui interpellent les dirigeants du monde.
Comme les prophètes d’hier, ils crient souvent dans le désert, face à des hommes et des femmes qui savent mais se mettent la tête sous l’aile. Pour quelles raisons ? Sans doute parce renoncer à l’hyperconsommation de biens et de voyages est difficile. Nous l’expérimentons tous. Parce qu’à trancher entre écologie et économie, le choix est vite fait tant il y a des emplois à la clé. Mais je m’accroche à l’espoir d’une troisième voie qui concilie les deux, ces alternatives qui inventent des circulations douces et des circuits locaux, qui mettent en avant le recyclage et la réutilisation, qui inventent de nouveaux modes de vie.
Deux seuls exemples parmi tant d’autres : Vesto, une tout jeune start up qui récupère du matériel professionnel de restauration, le reconditionne et le revend à prix bradés, donnant un coup de projecteur sur l’économie circulaire. Ou Time for the planet, une société sans but lucratif qui invite citoyens, entreprises et collectivités locales à devenir sociétaires d’un fonds d’investissement. Celui-ci permet de financer la création de PME dont le seul objectif est la lutte contre la production de gaz à effet de serre. Ou comment, sans renverser la table, prendre sa part…
Vous pouvez retrouver ces initiatives sur vesto.fr et time-planet.com.
Nathalie Leenhardt est journaliste, ancienne rédactrice en chef du magazine Réforme. Chaque semaine, écoutez son édito dans La Matinale RCF.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !