D’Inoxtag au scoutisme : se « dépasser », oui, mais ici et maintenant

Avez-vous jeté un œil à Kaizen, ce film déjà été vu près de 32 millions de fois sur YouTube ? On y suit Inoxtag, star des réseaux sociaux de 22 ans, qui s’est lancé le défi fou de gravir l’Everest.

Honnêtement, le documentaire a tout pour agacer, avec ses invitations à « se dépasser », et surtout quand on sait à quel point l’Himalaya est pris d’assaut (et saccagé) par de riches touristes en quête de sensations fortes.

Le « dépassement de soi »

Sauf que… l’engouement que ce film aux images fascinantes suscite chez la génération TikTok mérite qu’on dépasse ces a priori. Pourquoi ? Parce qu’Inoxtag y apparaît un peu perdu mais plutôt attachant, aussi naïf que déterminé à passer des jeux vidéos à l’aventure bien réelle. Et qu’il finit même par se faire le chantre de la déconnexion.

Un autre exemple de dépassement de soi : le scoutisme

Hasard de l’actualité, un autre modèle pour la jeunesse s’est retrouvé mis à l’honneur la semaine dernière. Pour le coup, vous en avez sans doute entendu parler : une étude Ifop souligne les bienfaits sociaux durables du scoutisme. L’enquête montre par exemple que, toutes catégories sociales confondues, les anciens scouts et guides seraient plus engagés dans des associations, plus enclins à faire des dons, plus conscients des enjeux écologiques ou encore plus mobilisés pour voter aux élections.

Mais un autre résultat m’a intéressé : la résilience et le sentiment de « bien-être » seraient nettement supérieurs chez les anciens scouts que chez les autres. Vous me direz peut-être que cette histoire, c’est l’œuf et la poule… Est-ce le scoutisme qui développe ces qualités, ou bien les familles où elles sont déjà ancrées ont-elles plus tendance à y inscrire leurs enfants ? 

Peu importe, au fond. Je préfère noter la corrélation très forte entre un bien-être renforcé et le fait de sortir dans la nature, s’engager dans la société et se mettre au service des autres.

De là à dire que le bonheur n’est pas en haut de l’Everest mais souvent au bout de la rue, il n’y a qu’un pas… Parce que derrière tout ça, on revient toujours un peu à cette aspiration commune à toute l’humanité : être heureux. Pour ça, on déconseillera de trop chercher à imiter les défis exaltés par Inoxtag, mais difficile tout de même de rejeter son invitation radicale à sortir, s’émerveiller, s’autoriser à rêver plus grand. Surtout quand il existe d’autres réponses, plus accessibles, aux désirs d’aventure qui animent la jeunesse… et ce qu’il reste de jeunesse en chacun de nous.

On déconseillera de trop chercher à imiter les défis exaltés par Inoxtag, mais difficile tout de même de rejeter son invitation radicale à sortir, s’émerveiller, s’autoriser à rêver plus grand.

Et si la clé était moins dans ce « dépassement » que l’époque a quasi élevé en culte… que dans le décentrement ? Une autre façon – moins égoïste, plus sociale – d’aller au-delà de soi-même. Pour le dire autrement : faire le bien au-dehors, ça fait du bien en dedans. Qu’est-ce qu’on attend ?