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Édito d'Aymeric Christensen - Sur la question migratoire, un pape trop politique ?

Un article rédigé par Aymeric Christensen - RCF, le 7 octobre 2023 - Modifié le 9 octobre 2023
Le point de vue de 7h20Édito d'Aymeric Christensen - Sur la question migratoire, un pape trop politique ?

À la veille de la visite du pape en France, on voit refleurir des critiques à l’égard de ses appels répétés en faveur des migrants. Un sujet sensible, y compris parmi les catholiques.

©Profil Facebook d'Aymeric Christensen©Profil Facebook d'Aymeric Christensen

La question migratoire est de retour au cœur de l’actualité, avec des arrivées très nombreuses à Lampedusa ces derniers jours, et alors que nous sommes à la veille de la visite du pape « à Marseille, pas en France ». Passons nos petites vexations nationales sur ce point. Il est temps d’écouter ce que le pape vient nous dire, à nous Français et bien à nous. On le sait, cette visite a pour but de tourner les regards – nos regards – vers la Méditerranée. C’est d’ailleurs ce qui exaspère par avance certains, ceux qui veulent voir en François un « promoteur des migrants », alors qu’il parle surtout en conscience de notre humanité.

 

Il n’empêche, on a vu se multiplier les critiques, notamment du côté de Reconquête, contre un pape « trop politique ». Idéaliste ? Militant ? C’est mal l’écouter, et mal connaître, au fond, la doctrine catholique qui essaie d’articuler deux grands principes. D’une part, l’accueil de l’étranger (François se réfère même à la  destination universelle de ce bien commun qu’est la terre) ; et d’autre part, la défense d’un « droit de ne pas avoir à émigrer ».
Alors, bien sûr, les flux qui se pressent aux portes de l’Europe créent une inquiétude légitime. Dans un contexte de crise et d’inflation, doublé d’angoisses identitaires, il est normal que le sujet fasse débat. La tentation du repli est même compréhensible. Mais aucune volonté d’extrême fermenté ne tient devant cette réalité : l’être humain n’obéit qu’à ses espérances, même au péril de sa vie. Voilà un cri auquel il est impossible de rester sourds.

 

 

En somme, le pape est peut-être le leader qui a aujourd’hui la réaction la plus réaliste face à cette situation. En tout cas, c’est l’un des rares qui aborde le problème dans toute sa complexité. Entre ceux qui essaient de faire croire qu’il serait possible de nous barricader par crainte d’une « submersion » et ceux qui font juste preuve d’un déni criminel « en attendant que ça passe », qui d’autre que le pape tente d’avoir une vraie réflexion, globale, sur les mécanismes qui poussent à de si nombreux exils ? C’est pourtant la seule façon d’aboutir à des solutions viables, tant dans les pays de départ que dans ceux d’arrivée.
Au fond, la seule politique (je mets de gros guillemets) « anti-immigration » qui aurait une chance d’être efficace, ce serait une aide massive au développement, dans un esprit de justice, de respect des peuples et des cultures, pour donner à chacun les moyens de vivre sur sa terre sans se sentir acculé au départ.

 

En attendant, pour ceux qui arrivent, il faut travailler à une meilleure intégration. Car l’intégration n’est pas seulement une attente envers ceux qui arrivent chez nous, c’est aussi un devoir à leur égard. Il y a un fait auquel on ne changera rien : la Méditerranée, berceau de notre culture, est aussi devenue le cimetière des illusions que nos sociétés renvoient. D’autant que les conséquences du changement climatique vont encore accentuer le phénomène à l’avenir. Notre mode de vie, parce qu’il prétend repousser les limites d’un monde fini, nous rattrape à nos frontières, qui se retrouvent elles-mêmes fragilisées. C’est l’immense défi politique et spirituel du siècle qui vient, auquel aucune posture ne résistera, sauf à abandonner toute humanité.

 

Éric Zemmour citait ces jours-ci une phrase qu’il attribuait à saint Augustin : « On ne fait pas le bien jusqu’au mal »… C’est assez affligeant de croire qu’on peut moucher le pape avec ce genre de pseudo-formule à l’authenticité plus que douteuse. Surtout, je ne sais pas si on peut « faire le bien jusqu’au mal », 
 

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