LA CHRONIQUE DE BENOIST DE SINETY - "Jamais dans ma vie je ne me suis vu si pauvre en temps. A tel point que parfois, quand je me confie à Dieu, je mendie ce temps dont j’ai le plus grand besoin" écrivait le jésuite Matteo Ricci (1552-1610) tandis qu’il œuvrait à tisser des liens entre l’Europe et la Chine.
Avoir le temps. N’est-ce pas l’expérience quotidienne de la frustration ? Passer un appel, faire une visite, dire, écrire, toucher, aimer : ce n’est pas que le temps manque mais, peut-être surtout que nous le gaspillons !
Heureusement qu’il y a ces moments extatiques où son cours semble s’arrêter quelques instants, où nous respirons à pleins poumons un oxygène d’éternité. Ces secondes, ces minutes que l’on aimerait transformer en heures ou en jours et qui se gravent pour toujours dans la mémoire de nos cœurs. N’est-ce pas le bon jour pour repenser à ces moments-là ? Dans le tourbillon du tout et du rien, pourquoi là, maintenant, ne pas s’arrêter et goûter, faire mémoire, de ces temps bénis ? Non pour cultiver une mélancolie ou une nostalgie mais pour nous réjouir d’y déceler la présence de celui qui œuvre en nous et pour nous et qui veut nous révéler la puissance de son amour.
Croire en sa présence indéfectible parce que nous en avons fait l’expérience. Si je crois en Jésus n’est-ce pas parce que j’ai fait l’expérience de sa présence réelle un jour, un moment donné d’une manière parfois banale, parfois déroutante, mais qui atteste qu’il est celui qui est. Et cette expérience-là fonde la certitude qu’il est toujours présent même lorsque mes sens sont muets.
Nous sommes souvent inquiets de ce que nous ne parvenons pas à vivre. Au point de ne plus voir le présent comme le temps de la vraie réalité et de nous projeter dans le brouillard du futur ou de nous repaitre des murmures du passé : "comme c’était bien avant !", "comme demain sera difficile !", ou l’inverse ! Et si nous nous disions "quel cadeau que ce jour qui pointe, quel don que ces heures à vivre" ? Tout en demandant non pas de pouvoir ajouter du temps au temps, mais tout simplement d’apprendre à le savourer dans son présent et de lui permettre, ainsi, d’être le lieu de la création.
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