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La Belgique continue de résister à l'extrême droite européenne, par Théo Moy

Un article rédigé par Théo Moy - RCF, le 23 avril 2024 - Modifié le 23 avril 2024
Le point de vue de 7h20Comment la Belgique francophone résiste encore à l’extrême droite, par Théo Moy

POINT DE VUE DE THEO MOY - La semaine dernière, trois bourgmestres de la région de Bruxelles ont successivement interdit une conférence qui devait réunir la fine fleur de l’extrême droite européenne. Finalement, le Conseil d’Etat belge a permis à cette réunion de se tenir, invalidant le dernier arrêté d'interdiction pris par la ville où les organisateurs avaient trouvé, en catastrophe, une nouvelle salle.

Théo Moy. © La Croix / Claire JaillardThéo Moy. © La Croix / Claire Jaillard

Le premier ministre hongrois Viktor Orban, le président du parti Reconquête Eric Zemmour, et le grand défenseur du Brexit Nigel Farage ont ainsi pu se réunir dans le cadre de cette conférence sur le conservatisme national ou "NatCon" pour évoquer "Le retour de l'Etat-nation" et discuter du thème "Ma foi et la famille en crise". La réaction de ces bourgmestres de Belgique francophone, si elle peut surprendre en France, s’explique par une vieille tradition en Wallonie : le cordon sanitaire.

Depuis les années 1980, face à la montée de l’extrême droite, ce cordon sanitaire a été inventé et appliqué plutôt strictement. Côté politique, en Flandres comme en Wallonie, les partis de gauche comme de droite se sont engagés à ne pas faire d’alliance avec l’extrême droite.

Mais côté francophone, ce cordon sanitaire a même été étendu aux médias, qui s’engagent à ne pas permettre la diffusion de thèses racistes ou discriminantes. Chaînes de radio et stations de télévision se refusent à accorder la parole en direct à ces partis afin d’exercer une forme de contrôle sur les propos tenus.

Une extrême droite inexistante en Wallonie

L’extrême droite est extrêmement faible, voire complètement inexistante en Wallonie. Cela s’explique évidemment par quantité de données socio-politiques, mais aussi probablement par cette culture, cette habitude de considérer que les partis d’extrême droite ne sont des mouvements parmi d’autres.

Fidèles à cette tradition, des médias catholiques belges se sont mobilisés au début de ce mois d’avril contre l’extrême droite. Le 10 avril dernier, les abonnés de l’hebdomadaire Dimanche ont reçu dans leur boite aux lettres un numéro spécial de la revue En question, intitulé "Comprendre l’extrême droite pour mieux y résister". Son objectif assumé est d’agir contre « la prolifération » des idées d’extrême droite dans le contexte de la campagne électorale.

Il n’est pas très étonnant que la revue En Question, fondé par des Jésuites à la fibre sociale, se positionne sur un tel sujet. Mais voir le magazine Dimanche, qui est lié au site CathoBel, fondé par l’Eglise belge en Wallonie, est nettement plus surprenant. Surtout vu de France, où les idées d’extrême droite contaminent peu à peu le champ politique et religieux.

Vincent Delcorps, rédacteur en chef de CathoBel, reconnait d’ailleurs qu’une telle démarche est possible en Belgique francophone car l’extrême droite y est historiquement faible. "S’il y avait en Wallonie un parti d’extrême droite avec un poids électoral aussi important qu’en Flandres, on n’aurait probablement pas pu le faire", explique-t-il. Reste qu’à l’heure où les idées d’extrême droite infusent dans les milieux catholiques, cette initiative peut inspirer bien au-delà du plat pays.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le point de vue de 7h20
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