En ce moment à Lourdes se vit le Pèlerinage National du Rosaire, un événement centenaire crée et organisé par l’Ordre des Dominicains. Avec ce thème "Comblés de grâce", malades, hospitaliers, jeunes, familles, plus de 10.000 pèlerins de toute la France sont venus se ressourcer aux pieds de Marie.
Se vivent pendant ces cinq jours des temps de prières, sacrements, processions, catéchèses. De nombreux conférenciers se sont déplacées pour partager aux pèlerins des réflexions sur des thèmes aussi variés comme le temps, l’action de Dieu dans nos vies, la conversion, la mort, la souffrance, et bien sûr le douloureux chemin de l’Eglise dans les odieux scandales d’abus sexuels et spirituels.
J’y suis invitée cet après-midi pour réfléchir à cette phrase de Saint Paul “Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort”. Ces 10 mots qui peuvent être perçus comme un slogan un peu facile, convoqué pour se consoler. Tu es faible, ok ? tant mieux ! c’est alors que tu seras fort….
En fait, c’est une vision révolutionnaire de la force et de la faiblesse sur laquelle méditer longuement. D’abord, je crois qu’on n’est pas juste faible ou simplement fort.
Le système de pensée actuel aime bien mettre tout le monde dans des cases, à l’infini, en mode poupées russes. "Anti ceci, pro cela". Pas besoin d’exemple, tout le monde comprend. Et si vous suppliez un peu de nuance ou de complexité, si vous ne vous reconnaissez pas dans la case où l’on vous case, souffrez bien, et en silence, qu’on vous y mette quand même !
Se croire juste faible. C’est un piège. Pensons à David et Goliath. Se croire juste fort ? C’est un leurre. L’Evangile nous ouvre les yeux : le bon grain et l’ivraie poussent simultanément, pas qu’autour de nous. Mais aussi en nous.
Il me semble que c’est la même chose pour la force et la faiblesse. D’ailleurs, on peut se demander si la faiblesse en tant que telle existe, ou si elle n’est pas d’abord, seulement et toujours, un manque de force. Force et manque de force cohabitent en nous, sans cesse.
Il ne s’agit pas de rechercher lâchement la faiblesse dans l’espoir d’y trouver la force, mais plutôt de connaitre, reconnaitre, la faiblesse et sa faiblesse pour chercher, exiger de soi et recevoir aussi d’en haut, la force qui viendrait à manquer, qu’on peut aussi nommer courage. Le courage n’est pas réservé à ceux qui se croient forts. Bien au contraire.
Quand je suis faible je peux commencer à accepter avec confiance ce que je dois vivre. C’est alors que je laisse la grâce agir. Et c’est alors que je suis fort. C’est cela que nous enseigne l’apôtre des nations, lui qui a ouvert les yeux en commençant par perdre la vue.
Dieu lui-même lui a enseigné ceci, pour nous, : "Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse". Qu’on se croie faible, mais avec Dieu ! C’est alors qu’on sera fort.
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