TRIBUNE CHRETIENNE - Pour les personnes les plus précaires ou les plus isolées, l’incapacité à se déplacer peut être un grand facteur d’exclusion. C'est ce que vivent certains habitants du monde rural. En particulier les personnes n'ayant pas la possibilité de se déplacer en voiture, selon le Secours catholique.
Nos campagnes ont beaucoup évolué. Avec de moins en moins de petits commerces, d’écoles, ou de services administratifs, les personnes n’ont d’autre choix que la voiture pour leurs besoins essentiels. Pour faire ses courses, aller au travail, à la poste ou voir le médecin, les distances sont de plus en plus longues et la voiture est devenue indispensable.
Si certains territoires sont plutôt bien desservis par les transports, ça n’est pas le cas partout. Alors comment faire lorsque l’on n’a pas le permis ou que l’on ne parvient plus à se payer un plein d’essence ? Bien avant la hausse du prix du carburant, la mobilité était déjà le premier poste de dépenses des familles vivant à la campagne. On imagine bien les difficultés qu’elles rencontrent aujourd’hui, quand on sait qu’entre 2017 et 2023, le prix du carburant a augmenté de près de 50 %. La voiture, pourtant associée à une promesse de liberté, devient ainsi un facteur de précarité.
Bien souvent, nos équipes locales du Secours Catholique se démènent pour offrir des solutions aux besoins de mobilité des personnes, via des micro-crédits ou aides financières pour l’achat d’un véhicule, ou par des dispositifs de transport solidaire. Mais ces réponses ne suffisent pas face à l’ampleur des besoins. La solution revient toujours à la voiture, ce qui implique d’être en capacité de conduire, de pouvoir passer le permis, acheter un véhicule, de payer son plein d’essence… Nous manquons aussi de chauffeurs bénévoles, du fait de leur propre précarité face à la hausse des prix du carburant.
Nous avons donc souhaité avec ce rapport, partager le vécu des personnes que nous accompagnons et attirer l'attention sur ces situations d'exclusion dont on parle peu. Ce rapport est également l’occasion pour notre association de mettre en avant des propositions en matière de politiques publiques, élaborées avec 8 associations partenaires, pour faire de la mobilité inclusive et durable une réalité dans les territoires ruraux : nous souhaitons que chacun retrouve le droit à se déplacer, en tenant compte aussi des enjeux écologiques qui nous concernent tous ; nous encourageons également le retour des services de proximité pour que les habitants des territoires ruraux sortent de la dépendance à la voiture individuelle.
En effet, nous sommes convaincus qu’en agissant à la fois sur le retour des services de proximité et sur les solutions de déplacement, les personnes isolées et dans la précarité pourront retrouver plus d’autonomie, de dignité et de joie de vivre ! Favoriser la mobilité c’est aussi nourrir un lien fraternel entre les hommes.
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