POINT DE VUE DE NATHALIE LEENHARDT - Ces découvertes récentes valent la peine que je les partage avec nos auditeurs et nos auditrices. Parce que ces deux traditions, l’une née il y a des milliers d’années en Inde et l’autre pratiquée par les premiers moines chrétiens, ont de belles ressemblances.
Depuis deux ans, j’expérimente, séance après séance, combien le yoga permet d’apaiser le mental. Selon des chercheurs canadiens, notre cerveau est traversé tous les jours par des milliers de pensées, 6000 disent-ils. Ces pensées vont d'"il n’y plus de liquide vaisselle" à "y a-t-il une issue au conflit israélo-palestien ?", de "la planète est foutue" à "pourquoi l’extrême droite grimpe-t-elle partout ?"...Ces pensées permanentes nous assaillent et nous épuisent. Sans compter les ruminations qui nous envahissent quand nous avons un souci.
Le cerveau est l’organe du corps qui travaille le plus et n’est jamais au repos, puisque même la nuit nous rêvons... Nous vivons dans une société où de nouvelles informations tombent sans cesse, où les publicités envahissent les moyens de transport, où les notifications envoyées sur nos portables ne s'arrêtent pas. Sans compter les injonctions parentales jamais évacuées - du type “il faut faire ce qu’il faut”-. Sans oublier la liste des choses à accomplir ou à acquérir. Appuyer sur pause pour notre bien, tel est l’objet de la méditation.
Le silence, le calme, la respiration sont les piliers communs de ces traditions. Il s’agit de se tenir dans la même position, sans bouger, dans le silence complet, en respirant librement. Sans rien penser, sans rien demander, sans rien verbaliser, sans rien imaginer. Être présent à soi et au monde, dans l’instant, en harmonie. Si les pensées viennent - et elles adviennent -, on redit dans son for intérieur un mantra, c'est-à-dire un mot que l’on répète indéfiniment. Dans la méditation chrétienne, il s’agit de "maranatha", cette expression araméenne qui signifie "Dieu vient" ou "Viens Dieu".
Cette tradition de méditation contemplative a été redécouverte par un frère bénédictin, John Maine, initié au préalable par un maître hindou. Aujourd'hui, la communauté des méditants chrétiens, qu’il a créée, regroupe des hommes et des femmes partout dans le monde qui laissent advenir la présence de Dieu en eux. Pour en vivre.
Ce que je trouve particulièrement intéressant, c’est que les deux traditions insistent sur la non-performance. Mon professeur de yoga parle de non-effort, puisque c’est le souffle qui nous guide, pas la volonté. De même, il ne s’agit pas de "bien ou mal" méditer, de réussir ou non. Il s’agit de commencer un chemin, de persévérer et d’expérimenter combien la méditation devient essentielle à notre vie.
Ainsi, le frère Laurence Freeman, qui assure la direction spirituelle du mouvement, explique combien elle est un chemin vers l’évidence puisque nous sommes créés pour aller plus loin que la surface des choses. Un chemin vers la profondeur de notre être, un être qui connaît la paix, la joie inconditionnelle, la grâce. Un être qui ne cherche pas à tout savoir ou tout comprendre mais à être devant Dieu. Juste cela.
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