"À cette génération il ne sera donné que le signe de Jonas le prophète"
Méditation de l'évangile (Lc 11, 29-32) par le père Bernard Devert
Chant final: "Jésus, tu es le Christ" par la communauté de l'Emmanuel
En ce temps-là,
comme les foules s’amassaient,
Jésus se mit à dire :
« Cette génération est une génération mauvaise :
elle cherche un signe,
mais en fait de signe
il ne lui sera donné que le signe de Jonas.
Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ;
il en sera de même avec le Fils de l’homme
pour cette génération.
Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera
en même temps que les hommes de cette génération,
et elle les condamnera.
En effet, elle est venue des extrémités de la terre
pour écouter la sagesse de Salomon,
et il y a ici bien plus que Salomon.
Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront
en même temps que cette génération,
et ils la condamneront ;
en effet, ils se sont convertis
en réponse à la proclamation faite par Jonas,
et il y a ici bien plus que Jonas. »
Source : AELF
Maître, nous voulons voir un signe de toi. Jésus mesure combien cette demande des foules est éloignée de la spiritualité, s’attachant à une matérialité qui les enferme. Pour reprendre le mot de l’Evangile : ils sont les hommes d’un moment mais point de l’éternité commencée.
Croire, est-ce vivre en tranquillité, ou ne serait-ce pas plutôt consentir à lâcher les amarres pour le grand large.
Notre vie de baptisés signe-t-elle une tranquillité ou bien traduit-elle l’acceptation d’un risque.
Le signe espéré par Jésus est celui de la confiance, tel Jonas resté trois jours et trois nuits dans le ventre du monstre marin. Que de prières de demande sont monstrueuses pour être déshumanisantes tant elles sont recherche d’une anesthésie de nos responsabilités. Je prie pour – une distance - alors qu’il s’agirait de prier avec.
Prier, ce n’est point attendre un signe extérieur, mais intérioriser un appel nous mettant à l’écoute de ceux qui, épris du respect de la vie, de la liberté, tentent des traversées aux sécurités aléatoires.
Ainsi, pour ne point s’éloigner de l’actualité, la Méditerranée n’est-elle pas signe des embarquements du désespoir, signant les indifférences meurtrières jusqu’à faire de cette mer, un cimetière.
Mère Térésa fit l’amère expérience d’accusations portées contre elle, au motif qu’elle aurait forcé des mourants à se convertir au christianisme. Ces dénonciations sont viles et fausses car, pour cette grande figure spirituelle, l’enfant pauvre, abandonné dans la rue, était Jésus ; le lépreux était Jésus, le moribond était Jésus.
Le réfugié qui a dû fuir, n’est-il pas, comme tous les êtres fragiles, ce même Jésus. En s’approchant d’eux, nous reconnaissons que Dieu s’identifie absolument, pleinement, aux plus pauvres. « Ce que vous avez fait au plus petit, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Nous voulons voir des signes, mais ne sont-ils pas là, à côté de nous, pour être ceux des abandonnés, des condamnés qui, malgré tout, nous font encore signe pour ne point nous en vouloir, jusqu’à espérer que nous les comprendrons, les écouterons.
Le signe de la fraternité, de l’attention à l’autre commence par l’absence de jugements.
Le Poverello avait conscience que « l’Amour est peu aimé », d’où son engagement passionné qui a fait peur au sein même de l’Ecclésia. Le raisonnable suscite souvent des raisonnements de crainte et finalement l’effacement de l’audace. Quel serait notre salut si le Fils de l’homme n’avait pas pris tous les risques.
Il est de ces sagesses qui, pour ne rien transformer, ne sont que des paresses du cœur et de l’esprit.
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