Au cours de son voyage en Belgique, le Pape François s’est rendu ce vendredi 26 septembre après-midi à l'Université KU Leuven en Flandres, pour y rencontrer le monde universitaire, où il a abordé la question de l’accueil des réfugiés, sur laquelle l’université est pionnière.
Bravant le vent glacial et la pluie, les louvanistes pressent le pas en ce vendredi après-midi. L’ambiance est paisible dans la cité flamande, ville universitaire accueillant chaque année près de 70.000 étudiants. Mais la déambulation est vite limitée lorsque l’on approche du centre: le dispositif de sécurité rappelle l’arrivée imminente du Pape François, venu célébrer les 600 ans de l’université de Louvain. L’hélicoptère s’approche, les snipers des Forces Sépciales sont en place sur les toits, les caméras de télévision survolent la maigre foule de badauds souriants. Parmi eux, beaucoup de jeunes, mais aussi quelques retraités et même quelques rares familles. « J’habite Louvain depuis toujours, ce n’est pas souvent qu’il se passe quelque chose ! » s’exclame un riverain ayant bien dépassé l’âge des études. « Moi je suis étudiant à la KU Leuven, j’habite à 100m d’ici alors je suis venu voir ! » raconte cet étudiant entouré de ses amis. Si l’une de ses amies est baptisée, aucun d’entre eux ne pratique la foi catholique. « Je ne suis pas croyant, je suis juste curieux de voir quelqu’un de connu ! » poursuit un étudiant accompagné d’un ami.
Des chrétiens en attente
Quelques catholiques aussi se sont déplacés. John, un retraité belge venu en famille avec ses petits-enfants attendre le Pape à l'entrée de l'Université de Leuven, explique la raison de sa venue : " C'est quelqu'un de très important pour nous, c'est le chef de l’Église qui doit nous montrer le chemin pour le Ciel" tout en regrettant que "la foi a bien diminué depuis la précédente venue du pape Jean-Paul II". Séléna, elle, s'est déplacée avec un groupe d'étudiants durant leur pause : " Je suis arménienne et chrétienne. C'est un évènement qui arrive rarement, c'est important d'être là." Elle tient à préciser ses attentes par rapport à l'institution : "L’Église a besoin d'être plus moderne pour s'adresser aux jeunes. Et ce serait bien que les prêtres puissent se marier, pour expérimenter l'importance de la famille afin de mieux guider les chrétiens. Cela réglerait beaucoup de problèmes auxquels l’Église est confrontée en ce moment."
A l’approche du Pape, passant rapidement près de la foule dans sa papamobile aux allures de voiture de golf décapotable, les badauds poussent des acclamations, mais se dispersent aussi vite, transis par le vent et la pluie. François prendra tout de même le temps pour s'arrêter et embrasser bébés et jeunes enfants.
Créer des ponts, pas des murs
A l’intérieur de l’antique université, le recteur souligne l’attachement de l’établissement à ses racines chrétiennes, fondement de son engagement en faveur de l’accueil des migrants. Soucieux de « créer des ponts, pas des murs », le recteur rappelle que l’université doit rester un centre de l’esprit critique qui prend le point de vue chrétien sur le monde comme point de départ, [et] n’a pas peur de challenger la société”. Il interpelle toutefois le souverain pontife sur la nécessité de faire évoluer l’Église en cohérence avec l’époque, évoquant notamment la question de la place des femmes ou celle de la communauté LGBT+. De son côté, le Pape François salue la qualité du travail d’ouverture et de formation de l’esprit réalisé par l’université, et valorise la « recherche passionnée de la vérité ». Il met cependant les universitaires en garde contre deux biais, celui de la « fatigue de l’esprit » qui renonce à chercher la vérité en la considérant comme trop difficile d’accès ; et celui du « rationalisme sans âme » qui en se limitant à ce qui est mesurable, anéantit tout émerveillement. Le Pape François appelle donc à ne pas avoir peur d’« élargir les frontières » intellectuelles, remerciant au passage l’université pour sa capacité à s’ouvrir aux étudiants réfugiés.
L’accueil des migrants au cœur des échanges
La question de l’accueil des migrants demeure le cœur de l’échange entre le pape François et les universitaires, à la demande de Rome. Depuis le début de son pontificat, Le pape n’a cessé d’interpeler la communauté internationale sur le drame migratoire : quelques mois seulement après son élection en 2013, il faisait son tout premier déplacement hors de Rome sur l’île de Lampedusa, pour dénoncer le sort des migrants. Un geste fort, suivi notamment de la parution en 2020 de l’encyclique “Fratelli Tutti” sur la solidarité humaine.
De son côté, l’université de Leuven elle se distingue par son engagement, en prenant part au projet européen EU-Passworld. Ce dernier offre la possibilité aux étudiants réfugiés de venir poursuivre leurs études au sein de l’université de Leuven. Depuis la mise en place de ce dispositif, neuf étudiants ont déjà bénéficié du dispositif au sein de la KU Leuven. A la fin de son intervention au coeur de l'Université, François prendra le temps d'échanger avec certains d'entre eux.
Ensemble vers l’espoir
A l’origine de la venue du Pape, une invitation de l’université à venir fêter ses 600 ans. Le thème de la visite du Saint Père de ce vendredi après-midi à l'Université flamande était "Ensemble vers l'espoir". Pour la Doyenne de la Faculté de théologie de l'université de KU Leuven Bénédicte Lemmelijn, la présence du Pape est source d'optimisme face aux difficultés traversés par l’Église de Belgique : " il y a d'abord la sécularisation de la société, l’Église qui a fort changé depuis la venue du Pape Jean-Paul II, la crise migratoire ou encore les grandes crises comme celle des abus dans l’Église. Durant cette journée, le Pape en a parlé de manière sérieuse, tout en proposant une voie qui va vers l'avant. Tout n'est pas fini, il faut admettre les fautes commises, traverser la crise pour trouver un nouveau chemin."
Demain samedi, le voyage papal se poursuit avec la visite de l’UCLouvain, l’université francophone catholique de Louvain-la-Neuve.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !