À Mulhouse, un concert de Vendredi saint dédié aux Chrétiens d'Orient

RCF : Monsieur Paradis-Murat, est ce que vous pouvez nous expliquer un peu la démarche de ce concert ?

 

Hervé Paradis-Murat : On avait accueilli des chrétiens d'Orient, réfugiés après la chute de Qaraqosh, qui se sont insérés dans les communautés chrétiennes, ici à Mulhouse. Et parmi eux, donc, Houda et Thalie, qui ont depuis acquis la nationalité française et qui ont toujours le souci, le goût de faire partager leur riche tradition liturgique. Et en même temps, ils ont le souci de continuer à aider leurs frères restés en Irak pour les aider dans la reconstruction. Et donc, on s'est dit que le Vendredi saint pouvait être une belle occasion. Il y a cette tradition en Alsace,  des concerts spirituels du Vendredi saint. C'est bien de pouvoir orienter cette tradition vers un concert qui soit aussi un concert solidaire avec les chrétiens d'Irak qui ont été durement frappés par la guerre en Irak et par et par l'épisode Daesh.

 

RCF : J'en profite avant de revenir sur cette journée pour vous demander où en sont justement les chrétiens en Orient, aujourd'hui ? L'État Islamique n'a pas complètement disparu mais a beaucoup perdu de sa superbe. Est-ce que la situation des chrétiens d'Orient est toujours aussi terrible qu'il y a quelques années, ou est ce qu'ils commencent à reprendre de la vigueur justement?

 

Hervé Paradis-Murat : Alors elle l'est moins. Mais en même temps, beaucoup de ces chrétiens qui ont quitté l'Irak ont tout perdu : leur maison, leur entreprise… Et puis il y a toujours cette inquiétude que l'État Islamique puisse revenir. Et je crois qu'il y a cette appréhension qui est toujours là. Alors, il n'y a plus les risques sécuritaires qu'il pouvait y avoir il y a quelques années encore. Mais ils sont dans une situation qui est fragile. Et puis il y a la dureté de l'événement et de la persécution. Puis après, il y a le long labeur de reconstruction pour repartir, pour reconstruire. Et ça, c'est aussi quelque chose qu'il faut pouvoir accompagner et pas simplement rester à l'émotion du jour au moment où les gens fuient. Je crois que c'est important d'avoir ce souci là et c'est ce qu'on a aussi voulu faire à travers ce concert.

 

RCF : Pour les accompagner, vous avez choisi donc, à votre échelle, d'organiser ce concert lors du Vendredi saint. Est ce que vous pouvez nous décrire un peu le déroulé de cette journée? 

 

Hervé Paradis-Murat : C'est un concert prévu à 20h. L'idée, c'est aussi de vivre quelque chose qui nous mette en communion avec les chrétiens d'Orient et en même temps qu'ils nous fassent découvrir la richesse de ce patrimoine liturgique qui est le leur. Pour cette Semaine sainte, donc, les chants, les cantiques qui seront interprétés à cette occasion sont des chants toujours chantés dans ces communautés chrétiennes syriaques et qui vont vraiment aux sources de l'Évangile et du premier christianisme. C'est des chants qui sont en araméen, donc la langue qui était la langue du Christ. Ces chants seront chantés par Houda Pathak et Ali Djidji, un couple qui est arrivé suite aux persécutions de Daesh. Et qui vont nous le partager avec deux musiciens locaux, Jean-Luc Roth et Claudia Reggio.