Ambroise de Milan était évêque de Milan de 374 à 397.
Une grande figure du monde romain antique
Ambroise est un pont entre le monde politique et l’Eglise, par son autorité incontestée, et qui sera rarement retrouvée par la suite.
Ambroise est la figure la plus importante et la plus prestigieuse à Milan, il est suivi par toutes les composantes sociales dans ses prises de position politiques et religieuses.
Ambroise est un évêque complet et une des plus belles figures de pasteur que l'Église ait connues. Il est incontestablement l’évêque dominant en Italie du nord, avec une autorité sur tout l’Occident, qui éclipse presque celle de l’évêque de Rome.
Il est un pont entre le monde oriental parlant grec et l’occident latin, sans doute un des derniers Pères œcuméniques.
Sur le plan dogmatique, il est un défenseur de la foi de Nicée et l’un des principaux artisans de la victoire, en Occident, de l’orthodoxie sur l’hérésie arienne.
L’exégèse spirituelle de l’Ecriture
L’articulation entre la figure et le type est une exégèse courante chez les Pères de l’Eglise : par exemple l’eau est une figure du baptême, le baptême est à l’inverse le type de l’eau. Ambroise partage ces notions, pour lui la figure est issue de l’Ancien Testament dont le type est la vérité du Nouveau :
"Bois donc à ces deux calices, ceux de l'Ancien et du Nouveau Testaments, car dans les deux tu bois le Christ. Bois le Christ, qui est la vigne ; bois le Christ, qui a fait jaillir l'eau ; bois le Christ, qui est la fontaine de la vie ; bois le Christ, qui est le fleuve dont le courant féconde la cité de Dieu ; bois le Christ, qui est la paix"
L’influence directe d’Origène sur Ambroise est ici significative. Comme Origène, Ambroise utilise également le sens allégorique : son exégèse est complètement « christocentrique » et « ecclésiocentrique ».
Ambroise développa l’interprétation allégorique; qu'il considère comme la plus importante, car elle vient couronner toute interprétation en rapportant chaque sujet au Christ.
Le pasteur attentif aux pauvres
Ambroise fut un pasteur dans toute la plénitude du terme: docteur, médecin, directeur des consciences, défenseur de la justice, avocat des petits et des exploités.
Ses administrés sont devenus ses enfants. Il voit leur quotidien, il entend leurs doléances, il est assiégé par la foule des pauvres. Il a partie liée avec eux, leur cause est la sienne.
L'empire romain est épuisé par ses guerres et ses conquêtes, gêné par sa démesure même, appauvri démographiquement. Ce qui frappe dans la vie économique de l'époque, c'est l'absence presque totale de classes moyennes: «entre le luxe extrême et la misère, résignée ou hargneuse, il n'y a rien.»
Les sentences d’Ambroise sont impitoyables :
« La terre a été établie en commun pour tous, riches et pauvres. La nature ne connaît pas les riches, elle qui nous enfante tous pauvres ».
Le conseiller spirituel
En 391, Ambroise entreprend de publier un traité sur « les devoirs des ministres sacrés » pour guider et encourager spirituellement son clergé, mais aussi les fidèles. Il prend pour modèle un livre de Cicéron ayant le même titre et qui traite du même sujet, mais il différencie bien la morale chrétienne et la morale païenne.
La morale chrétienne est fondée sur la Parole, la parole divine prononcée par les prophètes et incarnée dans le Christ, mais aussi sur la parole humaine, qui devient vite vaine, perverse et inconvenante dès qu’elle se détache du Créateur.
Ambroise est le premier à utiliser le catalogue des vertus stoïciennes, mais une éthique de la relation et de la communion vient remplacer la morale de l’autonomie stoïcienne : la vertu classique de justice est remplacée par la vertu chrétienne de l’amour, qui recherche toujours le bien de l’autre.
La première vertu est la prudence, qui consiste à rechercher avec un zèle extrême ce qu'est le vrai.
Puis Ambroise aborde le couple justice et bienfaisance (ou générosité), qui concerne la communauté du genre humain. La première est sévère, la seconde est bonne. Les œuvres de la justice sont fondées sur la Foi, comme l’Eglise est fondée sur le Christ.
La troisième vertu est le courage. Le courage doit être accompagné de la prudence. Car il nécessite le discernement.
Enfin la tempérance, qui recherche la tranquillité et la douceur, qui garantit le convenable dans les paroles et dans les actes, et qui modère la chair.
Le fondement de la vie convenable, c’est le Christ, Sagesse de Dieu. Les vertus terrestres n’apparaissent que comme des images de la Sagesse céleste, et un moyen de se conformer au Christ, d’être revêtus du Christ.
Pour Ambroise, le Christ est tout pour nous
Omnia Christus est nobis !
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