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Bienheureux Michele Rua & Sainte Madeleine de Canossa

Un article rédigé par Jean Luc Moens - 1RCF Belgique, le 15 mai 2024 - Modifié le 15 mai 2024
A l'école des SaintsMichele Rua et Madeleine de Canossa

Madeleine de Canessa : Être née marquise m’interdit-il l’honneur de servir le Christ Notre Seigneur dans ses pauvres ?

 

Michèle Rua : Ami et successeur de Don Bosco, il est devenu saint en imitant son fondateur

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Sainte Madeleine de Canossa
 

Être née marquise m’interdit-il l’honneur de servir le Christ Notre Seigneur dans ses pauvres ?

Voilà la question que sainte Madeleine de Canossa a lancée à ses frères qui lui reprochaient d’avoir quitté le palais familial à Vérone pour s’occuper des démunis de toutes sortes. Cette sainte italienne que nous fêtons le 10 avril est la fondatrice des Filles de la Charité de Vérone, aussi appelées Canossiennes. C’est cette congrégation qui a accueilli dans ses rangs une autre sainte bien connue, sainte Joséphine Bakhita.

 

Jeunesse

Magdalena de Canossa (Madeleine en français) a vécu dans l’époque troublée des guerres napoléoniennes. Elle est née à Vérone le 1er mars 1774 dans une famille noble illustre. Elle a 5 ans lorsque son père meurt dans un accident en montagne. Sa mère se remarie, mais elle décède à son tour. Les enfants sont alors confiés à une gouvernante française dont les méthodes d’éducation sont rudes et sévères. La petite Madeleine, en particulier, en souffre énormément au point de tomber malade à 15 ans. Elle est prise d’une fièvre inconnue, puis d’une terrible sciatique et même d’une forme grave de vérole. Sa vie est en danger, mais elle guérit après avoir promis de se consacrer à Dieu. Toute sa vie, elle gardera des traces de ces problèmes de santé avec un asthme chronique et des contractions aux bras.


À 17 ans, Madeleine entre au Carmel, mais c’est un échec. Elle ne s’habitue pas au cloître, à la clôture. Elle doit sortir. Un deuxième essai n’est pas plus concluant, mais la prieure du couvent de Vérone lui écrit cependant une parole d’espérance : si « Dieu a manifesté avec évidence de ne pas vous vouloir [Carmélite] Déchaussée, ce n’est pas pour autant qu’il vous refuse comme Épouse. » Madeleine comprend que son appel est plutôt de servir les pauvres.

 

Les troubles de la guerre et vocation


En 1790, la guerre atteint l’Italie. Les troupes de Bonaparte attaquent le nord du pays. La famille Canossa doit se réfugier à Venise. Dans cette ville, Madeleine découvre la détresse des pauvres et des miséreux, la souffrance des enfants et des orphelins sans éducation, l’absence d’aide pour toutes ces personnes dans le besoin. Elle comprend que sa vocation sera la charité inconditionnelle pour les pauvres. Elle se met immédiatement au travail. Pour le moment, sa famille la laisse faire car la solidarité avec les plus démunis est considérée comme une des obligations de la noblesse chrétienne.


Lorsque la guerre prend fin, toute la famille regagne le palais de Canossa à Vérone, et Madeleine se retrouve responsable de la maison comme aînée des filles. Elle est aussi en charge d’organiser les fêtes que le rang de sa famille impose. Lorsque l’empereur Napoléon Ier, à peine proclamé roi d’Italie, visite Vérone en 1805, c’est évidemment à la famille Canossa d’organiser la réception de bienvenue. Madeleine s’occupe de tout. Alors que celui qu’on surnomme « l’ogre de Corse » n’a pas la réputation d’être très aimable avec les femmes, il est subjugué par le charme discret et la délicatesse de Mlle de Canossa. Celle-ci l’entretient longuement de son amour pour les pauvres, un sujet qui ne passionne pas d’habitude Napoléon. La rencontre de Madeleine qu’il surnomme « l’ange de Vérone » marque l’empereur au point que, plus tard, il lui fera donner le couvent saint Joseph, un monastère abandonné par les Augustines à Vérone pour commencer sa fondation au service des pauvres.

 

Les Canossiennes

Madeleine continue ses œuvres de charité, mais un malaise grandissant s’installe en elle : elle fait le grand écart entre sa vie de château confortable et sa vie caritative où elle rencontre la misère la plus sordide. Elle a l’impression d’être une hypocrite et de ne pas vivre pleinement son appel. Encouragée par son confesseur, le père Pierre Leonardi, elle décide de faire le grand saut : elle quitte la belle demeure des Canossa pour s’installer dans une maison délabrée avec quelques amies. Jean-Paul II explique dans l’homélie de sa canonisation le mouvement du cœur de Madeleine :
« Lorsqu'elle se rendit compte des plaies effrayantes que la misère morale et matérielle répandait parmi la population de sa ville, elle comprit qu’elle ne pouvait aimer son prochain “en grande dame”, c'est-à-dire en continuant à jouir des privilèges de son milieu social, se limitant à distribuer des biens, sans se donner elle-même. La vision du crucifix l’en empêchait. »

La petite communauté regroupée autour de Madeleine est l’embryon de ce qui va devenir la congrégation des Filles de la Charité de Vérone, les Canossiennes. La fondation officielle a lieu le 8 mai 1808 dans l'ancien monastère Saint-Joseph-et-Saint-Fidence du quartier populaire Saint-Zénon de Vérone.

Évidemment, ce changement de vie ne plaît pas à sa famille, et ses frères la critiquent vivement. C’est à cette occasion qu’elle leur rétorque : « Être née marquise m’interdit-il l’honneur de servir le Christ Notre Seigneur dans ses pauvres ? »

Madeleine s’engage à fond dans le soutien des pauvres et, rapidement, elle ouvre des écoles gratuites, développe des cours de catéchisme et s’engage dans la visite des femmes pauvres hospitalisées. Lorsque la maison canossienne de Vérone est solidement constituée, Madeleine ouvre de nouvelles maisons à Venise, Trente, Bergame, Milan. Dans ses maisons, la tristesse et la mélancolie sont bannies. Madeleine n’aime pas les rigueurs excessives, elle conseille plutôt à ses filles un doux abandon à la volonté divine.


L’activité des canossiennes touche 5 domaines :


Les 3 premiers dont j’ai déjà parlé :

  • la scolarisation gratuite des enfants pauvres ;
  • le catéchisme et la visite des femmes malades ;

Les deux derniers sont :

  • l'organisation de retraites pour soutenir le clergé et
  • un travail de conscientisation à travers des exercices spirituels pour aider les dames de la noblesse dont Madeleine provient à s’engager dans des œuvres concrètes de charité.

Rapidement, ces exercices s’ouvrent à toutes les femmes qui le désirent.

Le 23 décembre 1828, 20 ans après la première fondation, l’institut des Filles de la Charité de Vérone est reconnu par le pape Léon XII. En 1831, la branche masculine est fondée, les Fils de la Charité.

 

Fin de vie

Les dernières années de sa vie, Madeleine souffre de nombreuses crises d’asthme et de fortes douleurs dans les bras et les jambes. Elle meurt à Vérone le 10 avril 1835 en récitant un troisième Ave Maria et en poussant un cri de joie. Elle est béatifiée en 1941, canonisée en 1988.
 

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Bienheureux Michele Rua

Le 6 avril, l’Église fête un bienheureux salésien, premier successeur de Don Bosco comme recteur majeur de l’Ordre : Michele (Michel) Rua. J’ai choisi de vous parler de ce bienheureux parce qu’il est un exemple de plus de ce qu’on pourrait appeler « la contagion de la sainteté » (une autre manière de parler des grappes de saints qui me sont chères) : disciple et ami de Don Bosco, Michel Rua a suivi l’exemple de son saint fondateur jusqu’à devenir lui-même saint. Il a d’ailleurs exprimé combien l’exemple de don Bosco a été fondamental pour lui :

Je profitais bien plus à observer don Bosco, même dans les plus humbles actions, a-t-il affirmé, qu’à lire et méditer un traité d’ascétisme.

 

Jeunesse

Michel Rua est né à Turin le 9 juin 1837. Il est le dernier de 9 enfants. Son père décède lorsque Michel a 8 ans. C’est la même année qu’il rencontre Don Bosco et se met à fréquenter le fameux patronage du saint. Très vite, Michel se lie d’affection à don Bosco que la bonne société turinoise considère comme un fou. Un jour qu’on critique don Bosco devant lui, Michel avoue : « Si l’on m'avait dit cela de mon père, je n’aurais pas eu plus de chagrin. »

Don Bosco cherche à former des jeunes responsables pour l’aider dans son apostolat. Il discerne les qualités de Michel et lui propose en 1850 de commencer des études en vue du sacerdoce. Michel est ravi et obtient la permission de sa maman. « Te voir prêtre, ce serait le plus grand bonheur de ma vie », lui dit-elle.

Michel commence donc ses études. Tous ses temps libres, il les passe au patronage de Valdocco à réaliser des services divers pour alléger la tâche de Don Bosco. Michel passe maître dans le déchiffrement des écrits de Don Bosco qui s’apparentent à de véritables pattes de mouche. En effet, le saint écrit la nuit sur des feuilles volantes avec force ratures et surcharges que seul Michel arrive à déchiffrer et à mettre au propre.


À partir de septembre 1853, Michel s’installe chez don Bosco avec un compagnon. Il revêt la soutane. Bientôt d’autres les rejoignent. En janvier 1854, don Bosco propose à tous ces jeunes une sorte de noviciat. C’est le début informel des salésiens dont le nom fait référence à saint François de Sales que don Bosco admire beaucoup pour sa douceur et sa bonté. Michel et ses compagnons sont au service des jeunes. Il se donnent à fond suivant l’exemple de don Bosco car le travail ne manque pas : animation des jeunes du patronage, classes, cours du soir et autres services en plus de leurs propres études.

En 1855, Michel fait ses premiers vœux privés dans les mains de don Bosco.

Il est nommé professeur d’arithmétique et reçoit de multiples charges supplémentaires de surveillance, de catéchisme… sans compter qu’il sert de secrétaire à don Bosco, par exemple pour la rédaction d’un manuel scolaire sur l’histoire de l’Italie. Il faut savoir que don Bosco a rédigé plusieurs manuels scolaires pour ses jeunes parce qu’il n’était pas content du matériel pédagogique existant.
Tout en servant à Valdocco, Michel continue ses études de philosophie et de théologie.

En 1858, il accompagne don Bosco à Rome pour présenter la règle de la future congrégation salésienne au pape Pie IX.

Le 18 décembre 1859, le pape donne son approbation. Don Bosco devient le premier supérieur général et Michel Rua est nommé directeur spirituel de la nouvelle société alors qu’il n’est pas encore ordonné prêtre. C’est chose faite le 28 juillet 1860. Après son ordination, Don Bosco lui donne par écrit ce mot d’encouragement :

« Tu auras beaucoup à travailler et à souffrir. Il n'y a pas de roses sans épines, et tu n'ignores pas qu'il faut traverser la Mer Rouge et le désert pour atteindre la Terre Promise. Endure l'épreuve avec courage, même au milieu de tes peines, tu sentiras la consolation et l'aide du Seigneur. Pour accomplir ton œuvre sur terre, écoute ces conseils : vie exemplaire, prudence consommée, persévérance dans la fatigue au service des âmes, pleine docilité aux inspirations d'En-Haut, guerre incessante à l'enfer, confiance inlassable en Dieu. »

Ces conseils, don Rua va les suivre à la lettre pendant toute sa vie.


Don Michele a aussi parfaitement assimilé les méthodes pédagogiques de don Bosco dont les deux piliers sont la communion fréquente (avec la confession) et la dévotion à la Vierge Marie. Don Michele affirme : « Notre saint Fondateur ne perdait jamais une occasion de recommander la communion fréquente ; c'était la base de son système d'éducation. Ceux qui ne l'ont pas compris sont toujours obligés, en définitive, d'en venir à une rigoureuse coercition. »

 

En octobre 1863, Don Bosco ouvre un petit séminaire à Mirabello et nomme don Michele directeur, mais 2 ans plus tard, don Bosco tombe malade et don Michel doit quitter son poste pour aller soutenir son fondateur épuisé, mais lui-même est terrassé par une péritonite foudroyante. Les médecins assurent qu’il est condamné. Mais don Bosco le rassure : « Écoute bien, don Rua, même si on te jetait par la fenêtre, je t'assure que tu ne mourrais pas. » Et, en effet, il guérit contre toute attente !


Don Bosco s’appuie de plus en plus sur don Michel.

Il l’emmène en voyage avec lui. Il partage même ses dons de thaumaturge… par obéissance ! Un jour, on amène un enfant gravement malade à don Bosco qui demande à don Rua de prier pour lui Notre Dame Auxiliatrice. Don Rua le fait par obéissance et l’enfant est guéri sur le champ. Une fois devenu supérieur, les miracles ont continué comme l’avait prédit don Bosco : « Si don Rua voulait, il ferait des miracles. » Il y a des histoires truculentes à ce propos, comme la fois où on lui a demandé de visiter une malade. À peine entré dans sa chambre, on l’y a enfermé en lui disant qu’il ne sortirait que quand la malade serait guérie. Et elle a guéri évidemment… !


En 1885, don Bosco désigne don Michel pour lui succéder. Lorsqu’il meurt en 1888, don Rua prie deux heures à côté de la dépouille de son fondateur. Il rencontre le pape Léon XIII qui lui conseille de consolider la jeune congrégation avant de se lancer dans de nouvelles fondations. Don Rua suit ce conseil pendant deux années, puis il accompagne l’expansion incroyable de l’ordre des salésiens.

À la mort de don Bosco, il y avait 700 Salésiens répartis en 64 maisons dans 6 pays. À sa mort en 1910, don Rua laisse 4000 Salésiens dans 341 maisons dans 30 pays. Pour arriver à cela, don Rua a traversé de nombreuses épreuves, parfois extrêmement éprouvantes. En voici quelques-unes.


En 1895, un jeune déséquilibré assassine le Père Dalmazzo que don Rua avait accueilli enfant dans le patronage. La même année, au Brésil, son secrétaire, don Lasagna, perd la vie dans un accident de chemin de fer ainsi que quatre Filles de Marie-Auxiliatrice.
En 1898, une inondation détruit en Patagonie le travail de 10 années d’effort apostolique.
En 1902, c’est la France qui ferme toutes les écoles salésiennes sur son territoire et chasse tous les religieux. La même chose avait eu lieu en Équateur en 1895.
Don Michel a dû aussi faire face à un complot monté de toute pièce par les francs-maçons italiens. En 1907, un élève de l’école de Varazze porte de fausses accusations contre les pères salésiens, y compris de célébrer des messes noires. Tout est faux et cela a été démontré, mais cela provoque un déferlement de haine qui affecte profondément don Rua.
En 1909, 9 pères salésiens et 40 élèves meurent dans le terrible tremblement de terre de Messine. Une autre dure épreuve pour don Michel.


Mais il y a aussi eu certaines décisions du Vatican qui l’ont profondément affecté. En 1901, un décret de Rome interdit une pratique à laquelle don Bosco était très attaché : la faculté pour un directeur d’école de confesser les élèves. Don Bosco se justifiait en disant que la discipline dépendait du préfet de discipline et non de lui. Toujours en 1901, le Vatican interdit tout lien de juridiction entre congrégations d’hommes et de femmes à but identique. C’est un autre coup dur pour les intuitions de don Bosco qui désirait garder dans l’unité les salésiens et les Filles de Marie Auxiliatrice.


Toutes ces épreuves pèsent lourd sur les épaules de don Michel. Mais il y rajoute de nombreuses pénitences personnelles qu’il tente de cacher à son entourage. Il faut, par exemple, une intervention du pape Pie X pour l’obliger à allonger sa nuit d’une heure.


En 1909, don Rua a la joie de témoigner au procès de canonisation de don Bosco. Mais sa santé se dégrade rapidement. Il souffre de problèmes cardiaques qui provoquent le gonflement de tout son corps. Il doit s’aliter définitivement en février 1910. La fin est proche. Il donne ses derniers conseils à ses fils : « À son lit de mort, notre bon Père nous a dit : “ Au revoir au Paradis ! ” Je vous donne le même rendez-vous. Pour l’atteindre, je vous recommande trois choses : un grand amour de l’Eucharistie, une dévotion très vive à Notre-Dame Auxiliatrice et un respect profond, une humble obéissance, une affection fidèle envers les pasteurs de l’Église, tout spécialement envers la personne du Pape. Si le Bon Dieu m’accueille dans son Paradis, à côté de don Bosco, je ne manquerai pas d’y prier pour vous tous. »

Don Rua meurt le 6 avril 1910 après avoir dit la prière qu’il avait apprise de don Bosco lorsqu’il était enfant :

Sainte Vierge, ma tendre mère, faites que je sauve mon âme !

C’est saint Pie X lui-même qui a conseillé aux salésiens de commencer un procès de canonisation pour don Michele Rua. Celui-ci a été béatifié le 24 octobre 1972.
 

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