C'est la Toussaint. Le 1er novembre, nous fêtons tous les saints : connus ou moins connus. Nos paroisses portent toutes le nom d’un saint ou d’un bienheureux, parfois local. Tel est le cas de la paroisse du Bienheureux Pierre-François Jamet des Vallées à Condé en Normandie. Lumière sur cet abbé normand du Calvados avec le Père Michel Roger de Thury Harcourt.
Qui était-il ?
Le bienheureux Pierre-François Jamet est né à Fresnes le 12 septembre 1762. Fresnes, actuellement dans le département de l’Orne, et donc dans le diocèse de Séez, faisait partie à l’époque du diocèse de Bayeux. D’une famille paysanne très modeste, c’est seulement à quinze ans qu’il entre au collège de Vire où son frère aîné vient de terminer ses études. En effet, ses parents ne peuvent scolariser qu’un seul enfant à la fois, car ils n’ont pas les moyens de faire davantage. Mais l’élève est doué, et il en veut, si bien qu’il fait de brillantes études secondaires, et à l’âge de vingt ans s’inscrit à l’université de Caen, où il côtoie un nombre important de séminaristes venus de toute la province. Il rencontre aussi le monde de l’incroyance, mais heureusement, dans le corps enseignant de cette université, des prêtres font autorité, dont le plus illustre d’entre eux, Nicolas-François Le Clerc de Beauberon est aussi du bocage, puisqu’il est né à Saint Denis de Méré à une vingtaine de kilomètres de Fresnes. Pour l’anecdote, Saint Denis de Méré fait partie aujourd’hui de la paroisse du Bienheureux François Jamet des Vallées.
La Révolution
Mais revenons à notre bienheureux qui commence sa théologie à l’université et finit par rentrer au séminaire de Caen en 1784. Au terme de sa première année, il reçoit la tonsure et les ordres mineurs, l’année suivante le sous-diaconat. Il est ordonné diacre dans la cathédrale de Bayeux le 23 septembre 1786, et l’année suivante, l’évêque de Bayeux étant absent, c’est dans la cathédrale de Rouen qu’il reçoit l’ordination sacerdotale des mains du cardinal Dominique de la Rochefoucauld, le 22 septembre 1787. Il poursuit néanmoins ses études théologiques, tout en devenant chapelain de la communauté religieuse du Bon Sauveur, située sur la paroisse de Vaucelles. C’est alors qu’il est convoqué à venir prêter serment à la constitution. Ne voulant pas prêter serment il sera arrêté, mais réussira à s’enfuir, et comme beaucoup de prêtres réfractaires, il trouvera une cachette sûre et aménagée chez son père à Fresnes. Il sera rejoint par son frère Pierre, chassé de la paroisse de Proussy, commune qui elle aussi, fait partie aujourd’hui de la paroisse du Bienheureux François Jamet des Vallées.
Enseignement et apostolat
Avec le directoire, la fureur antireligieuse commence à s’apaiser. En 1805, il rétablit la congrégation des sœurs du Bon Sauveur et favorise son essor et son dynamisme. Avec elle, il fonde l’école des sourds et muets, et il met au point une méthode d’enseignement. Il s’occupera aussi des aliénés et avec les sœurs, il fonde un établissement plus humain et plus respectueux des personnes. En 1822, il est nommé recteur de l’université de Caen qui devient un véritable pôle régional pour les études supérieures, mais à 68 ans, il donnera sa démission de recteur pour s’occuper davantage des sœurs du Bon Sauveur qui poursuivent leur essor, en fondant une maison à Albi, puis à Pont l’Abbé dans la Manche.
Mort et béatification
C’est le 12 janvier 1845, après avoir reçu l’onction des malades trois jours avant, que Pierre-François Jamet s’est éteint dans cette communauté dont il aimait le dévouement à l’égard des plus déshérités, que ce soient les sourds et muets, ou que ce soient les malades psychiques. La messe d’inhumation est célébrée dans la chapelle du Bon Sauveur par Mgr Louis-François Robin, évêque de Bayeux qui a tenu à présider les obsèques de celui qui ne pouvait admettre que les sourds et muets restassent enfermés toute leur vie dans une prison de silence, et qui a tout fait pour que la maladie mentale ne soit plus une tare incurable. Bienheureux, il n’a pas attendu que l’Église lui décerne ce titre le 10 mai 1987 par le pape Saint Jean-Paul II, il l’a été à travers une vie toute évangélique dont la paroisse de Condé en Normandie, très proche de Fresnes, a pris le nom de ce Bienheureux, comme guide et soutien spirituel depuis la réforme des paroisses en 1997.
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