"Cette fille d’Abraham, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ?"
Méditation de l'évangile (Lc 13, 10-17) par le père Nicolas de Boccard
Chant final: "Maître du sabbat" parClaude BERNARD et Michel WACKENHEIM
En ce temps-là,
Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue,
le jour du sabbat.
Voici qu’il y avait là une femme, possédée par un esprit
qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ;
elle était toute courbée
et absolument incapable de se redresser.
Quand Jésus la vit, il l’interpella et lui dit :
« Femme, te voici délivrée de ton infirmité. »
Et il lui imposa les mains.
À l’instant même elle redevint droite
et rendait gloire à Dieu.
Alors le chef de la synagogue, indigné
de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat,
prit la parole et dit à la foule :
« Il y a six jours pour travailler ;
venez donc vous faire guérir ces jours-là,
et non pas le jour du sabbat. »
Le Seigneur lui répliqua :
« Hypocrites !
Chacun de vous, le jour du sabbat,
ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne
pour le mener boire ?
Alors cette femme, une fille d’Abraham,
que Satan avait liée voici dix-huit ans,
ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? »
À ces paroles de Jésus,
tous ses adversaires furent remplis de honte,
et toute la foule était dans la joie
à cause de toutes les actions éclatantes qu’il faisait.
Source : AELF
Lorsque la loi l’emporte sur la miséricorde, la lettre sur l’esprit, la forme sur le fond… Il y a tant de cécités dans nos vies qui empêchent l’amour d’aller jusqu’au bout de son œuvre de libération. Du temps des juifs de cet évangile, c’était une lecture littérale de la Loi : on ne guérit pas le jour de sabbat – surtout dans une synagogue ! Aussi cette femme n’a qu’à rester infirme. Alors que le bon sens oblige même les juifs pieux à nourrir ses animaux même le jour du sabbat ! Comment restreindre et étouffer le bien par des raisonnements spécieux – la foule ne l’entend pas ainsi et se réjouit de la libération de cette femme et des actions de Jésus, au détriment de la honte jetée sur ses adversaires.
La miséricorde de Dieu est bien au-delà des barrières que l’homme veut y mettre. Certes le sabbat est un jour sacré, mais une œuvre de miséricorde ne peut faire obstacle au sacré, au contraire, elle le manifeste. On pense à Mère Térésa en Inde qui est allé auprès des intouchables pour les soigner, et souvent les aider à mourir, alors que la société les mettait à la marge. On pense aussi à ceux qui s’occupent des réfugiés et des migrants actuels, au-delà des réserves bien-pensantes du style : « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! » ce qui est vrai, mais lorsque la misère est là : doit-on les laisser se noyer ! Je pense à cette réflexion de bien-pensants à un prêtre qui avait ouvert son église à des migrants en plein hiver : « ce n’est pas fait pour cela, c’est la maison de Dieu ! » et lui de répondre : « et le trottoir, c’est fait pour dormir ! ».
L’évangile rapporte que la foule était dans la joie à cause de toutes les actions éclatantes qu’il faisait. La foule ne se trompe pas, elle sait où se trouve la bonté, elle qui a envahi les rues de Calcutta pour acclamer Mère Térésa sainte lors de son décès, comme celle de Rome au XVIIIème siècle, qui voulait voir le saint des pauvres Benoît—Joseph Labre, un clochard. « C’est à l’amour que vous aurez les uns les autres que tous vous reconnaitrons comme mes disciples » nous a dit Jésus.
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