[Dossier] La France face à l'épidémie de coronavirus - Alors que des mesures exceptionnelles ont été annoncées pour lutter contre le coronavirus, RCF vous propose un dossier spécial. Comment continuer à vivre malgré les restrictions imposées par l'État pour lutter contre le coronavirus ? Comment continuer à vivre sa foi alors que les messes et les célébrations ont été interdites ?
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âIl est toujours déroutant de constater que, parmi le petit nombre de catholiques qui vivent dans notre pays, il en est qui s’enferment progressivement dans une vision de plus en plus paranoïaque. À chaque annonce, à chaque événement, les mêmes surenchérissent de théories du complot à base de 'on nous cache quelque chose' ou 'en fait la raison de tout ça c’est qu’on nous veut du mal'...
Ainsi, certains voient dans le virus qui menace d’étendre sa contagion à l’ensemble de la planète un moyen de faire taire l’Église en suspendant la célébration des messes. Ils oublient sans doute, ceux-là, que lors de la peste de 1576, saint Charles Borromée, alors archevêque de Milan, a émis des directives pour contrôler l'épidémie. Et ces directives, qui ont d’ailleurs sauvé la ville, étaient précisément de fermer les églises, d'organiser des hôpitaux de fortune et d’inviter les plus fortunés à dépenser leur argent pour fournir nourriture aux pauvres et aux malades.
Les événements tragiques que nous vivons, s’ils nous rappellent à notre commune condition d’être mortels, doivent être pour les chrétiens un avertissement et une mise en garde. À l’heure du repli sur soi, nous devons plus que jamais, être attentifs aux cris de nos frères. Si l’on ferme les lieux publics et si l’on interdit les rassemblements, cela doit nous obliger à trouver des moyens différents pour prendre soin de notre prochain. Le pape François le rappelle, lorsqu’il invite les prêtres italiens qui ne peuvent plus présider publiquement la célébration eucharistique, à se rendre auprès des malades quoi qu’il puisse en coûter à leur propre santé.
Oui, il est temps de manifester de manière solennelle que nous portons plus que nous-mêmes et que nous reconnaissons en notre prochain cette vie divine dont nous parlons si facilement. Accaparé par le souci de lui-même et de sa bonne santé, l’homme riche ne voit plus le pauvre à la porte de sa maison qui n’a pour soigner et panser ses blessures que la langue râpeuse des chiens errants. Au cœur des tempêtes que traversent nos sociétés, il nous faut vivre et pas juste parler. Faire tout son possible pour protéger la santé de ceux qui m’entourent est la moindre des choses.
Cela ne suffit pas : il nous faut veiller sur autrui comme Dieu veille sur nous. Prendre soin, ne pas laisser seul, ne pas nourrir l’anxiété et l’angoisse, mettre la paix là où l’inquiétude semble régner, être porteur de joie là où rien ne semble pouvoir s’y prêter… Nul ne peut prédire ce que les semaines et les mois à venir nous réservent. Nul ne sait la réalité du drame qui se joue peut-être en terre d’Afrique ou dans d’autres pays où le matériel hospitalier et les dépistages médicaux sont inexistants. Mais ce que nous savons déjà c’est que si, là où nous sommes, nous ne mettons pas à profit ce temps présent pour aimer comme le Christ, alors les hommes qui ne le connaissent pas n’auront aucune raison d’écouter demain des paroles qui ne se traduisent pas en actes.
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