En cette fin d’hiver, nous endurons une pluie glacée de (très) mauvaises nouvelles. Certaines nous sidèrent et nous affligent (je pense à l’affaire Griveaux puis aux révélations sur Jean Vanier, sans prétendre comparer ces deux scandales) ; d’autres nous angoissent, comme l’expansion du Coronavirus. Ou nous désolent : pour ma part, la tournure que prend le débat bioéthique en France, et sur la fin de vie au Portugal ou en Allemagne. Il y a aussi l’imbroglio hexagonal sur les retraites, les propos au bord de la folie de grands de ce monde, les crises migratoires, environnementales etc. Et puis, tous nos soucis personnels.
Qu’allons-nous devenir ? Jusqu’où allons-nous tomber ? Qui sera notre recours ? Qui va nous sauver ?
Une phrase de la liturgie me revient, comme une planche de salut : « Notre secours est dans le nom du Seigneur !» Ou encore un extrait du Cantique des cantiques : « J’ai saisi mon bien-aimé, je ne le lâcherai pas !» Est-il sain, profitable, salutaire – pour chacun de nous – de gamberger, de commenter en déplorant ? À quoi bon suivre heure par heure l’évolution d’une pandémie ? Si c’est pour adopter des mesures de précaution, pourquoi pas ?
Mais gare à l’emballement des paniques ! Il parait qu’aux États-Unis, la marque de bière Corona – pardon pour la publicité – connaît un effondrement de ses ventes, à cause de son homonymie avec le virus... J’entends des personnes gémir à propos des scandales sexuels : « Alors, c’est qu’ils sont tous pourris ! Hypocrites, menteurs, libidineux. » Toute idée de sincérité, de confiance et de sécurité s’effondre. Or, la vérité, la confiance et la sécurité – qui vont de pair – sont trois besoins fondamentaux, sans lesquels la vie en société devient un enfer. Le mariage lui-même est vain sans confiance réciproque.
En ce début de carême, l’effort est tout trouvé. Choisir la confiance ! Commencer par la placer dans le seul roc véritable. Nous connaissons son nom, celui devant lequel « tout genou fléchit, au ciel, sur terre et en enfer… ». Je ne sais pas si vous avez entendu parler de Starets Silouane. J’aime ce saint moine du mont Athos. Amoureux de la nature, mais tourmenté par le démon, il avait reçu du Seigneur un étrange appel : « Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas ! » C’est la parade absolue contre tout découragement. Tenir son esprit en enfer : récapituler tout ce qui pèse sur notre âme, le faire macérer le temps qu’il faut. Se tenir dans cette boue. Et oser dire encore : J’ai confiance. Je sais sur qui je peux miser. Il ne déçoit jamais.
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