Contemplation, une chronique de l'émission Commune Planète - Retrouvez cette chronique dans l'émission Commune Planète du 3 juillet.
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Voici trois semaines que je déambule, à pied ou en stop, par les chemins et les petites routes. Je suis partie pour deux mois et demi. Le but de ce voyage est de contempler la beauté, la bonté ordinaire. Et je ne suis pas déçue, témoin de tant de petits gestes qui ensoleillent mes journées.
Il y a eu d'abord Margot et Guy, rencontrés devant un camion-épicerie dans leur village et qui spontanément m'ont invitÄe à déjeuner. Ce couple d'octogénaires a fait preuve de 1.000 délicatesses pendant les quelques heures que j'ai passées auprès d'eux. Je suis même repartie avec leur bâton de randonnée, car eux ne peuvent plus guère marcher, un peu comme un passage de relais.
Et puis il y a eu Tarek, un jeune homme marocain qui, me voyant m'installer pour la nuit dans un petit coin d'herbe, m'a invitée chez lui. Il était passé une première fois, il ne s'était pas arrêté, mais au bout de quelques minutes, il a fait demi-tour. Demi-tour. Ils sont nombreux à faire demi-tour. Des automobilistes qui, n'ayant pas réagi à mon pouce levé, sont revenus sur leurs pas dès le premier rond-point pour venir me chercher et me conduire plus loin. Et ceux qui, n'ayant que quelques kilomètres à faire, en ont fait des dizaines pour me permettre d'avancer, il a bien fallu qu'ils fassent demi-tour pour retourner à leur destination première.
Faire demi-tour, se retourner, se convertir, c'est le même mot. Je peux dire que je suis témoin de conversions. Des femmes et des hommes decident d'écouter leur cœur et de changer de direction. C'est la bonté qui ne fait pas de bruit. La bonté ordinaire. Un jour qu'il faisait très chaud j'ai croisé un homme portant des sacs de courses, il m'a juste dit : 'J'ai des bouteilles d'eau bien fraîches, vous en voulez une ?' La bonté ordinaire.
Je voudrais dire pour terminer que parmi tous ces gens qui m'ont tendu la main, la plupart étaient de condition modeste, certains étaient des étrangers, quelques-uns étaient musulmans. Un soir pourtant, je suis entrée dans une église. Une religieuse était là, nous avons parlé longuement, elle m'a posé beaucoup de questions sur mon voyage. Et puis, sans que je ne lui demande rien elle m'a dit : 'Je suis désolée, on ne peut pas vous accueillir, le Père n'est pas là, on ne peut pas.'
Cette même Sœur se désolait du faible nombre de personnes à la messe et de l'indifférence des gens pour la foi chrétienne. Alors là j'ai envie de te dire : 'Chère Église que j'aime, allez ! Fais demi-tour ! Quitte la route toute tracée que tu suis et que tu voudrais tant faire emprunter aux autres. Regarde ! Regarde autour de toi ceux qui sont sur le bord du chemin : les artistes, les chercheurs de sens, ceux qui lèvent le pouce... Tu verras comme les gens sont beaux, tu sentiras l'odeur de l'Évangile dans la bonté ordinaire.'
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