LES PODCASTS DE L'ÉTÉ - Dès le 6 juillet, RCF est à l'heure d'été. Tous les dimanches, découvrez DOROTHY DAY, JE NE SUIS PAS UNE SAINTE. Un podcast réalisé par Baudoin de Guillebon, journaliste RCF et co-auteur de "Dorothy Day - La révolution du cœur" (éd. Tallandier, 2018).
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À la fin de l'année 1951, dans une maison bruyante et sans dessus dessous d'un quartier populaire de New York, Dorothy Day écrit les derniers mots de son autobiographie. "Nous avons tous connu la longue solitude et nous avons appris que la seule solution est l'amour et que l'amour arrive avec la communauté." Citée par le pape François au congrès des États-Unis comme l'un des quatre figures américaines majeures du siècle dernier, prise en filature une grande partie de sa vie par le FBI d'Edgar Hoover, emprisonnée pour ses idées anarchistes, admirée par Hannah Arendt, appelée "ma sœur" par mère Teresa, à la fois inclassable et controversée, Dorothy Day nous invite à entrer dans sa vie.
Les années 30 ont été florissantes pour le mouvement Catholic Worker, de Dorothy Day et Peter Maurin. On compte plus de 30 "maisons de l'hospitalité" à travers les États-Unis et le journal The Catholic Worker est tiré à 100.000 exemplaires. Pourtant, les années 40 et l'arrivée de la guerre vont tout bousculer.
"L'amour en action est une chose difficile et effrayante comparée à l'amour en rêve" : ces mots de Dostoïevski constituent le fondement de l'action sociale de Dorothy. Elle écrit : "Assise, je pleure, j'ai été déchirée récemment par des gens, par des choses qui sont arrivées. À coup sûr, nous sommes faits, ici dans notre communauté, de pauvres gens perdus, de ces gens abandonnés, ces êtres humains malades, dérangés et solitaires que le Christ aimait tant et en qui je vois, avec une terrible angoisse, le corps de cette mort."
Voir le Christ en chacun, l'image de Dieu dans l'ivrogne violent, le misérable malade... L'hospitalité généreuse défendue au sein du mouvement Catholic Worker fait débat au sein de la société américaine. L'opinion ne voit pas d'un œil ces catholiques fanatiques qui ouvrent leurs portes à tous les vents. Faut-il rappeler qu'Ellis Island tournait encore à plein régime à cette époque, qu'on y triait les immigrés selon leur origine et leur maladie ? Alors, l'action de Dorothy Day ne peut qu'être considérée comme Un-American, anti-américaine.
La responsabilité personnelle est le maître-mot de l'hospitalité. Chacun doit ouvrir sa porte à celui qui a faim et soif. Mais cet amour universel, considéré comme désordonné car refusant toute hiérarchisation du prochain, va poser problème avec l'arrivée de la guerre.
L'Américaine Dorothy est-elle anti-patriote ? La rumeur court à New York. Alors que les années 40 sont celles de la renaissance économique et de la fin du chômage, Dorothy fait figure de trouble-fête. La voilà qui appelle de ses vœux la paix, qui demande un pacifisme radical, absolu. Les penchants internationalistes et communistes de Dorothy ont-ils pris le dessus ? Elle écrit : "Nous restons dans la guerre actuelle tout aussi irrévocablement opposés à la guerre comme moyen de sauver le christianisme, la civilisation, la démocratie. Nous ne croyons pas qu'ils puissent être sauvés par ce moyen."
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