"Comment ne pas être abasourdi et attristé au fond de soi, quand on apprend les agissements condamnables commis par Jean Vanier (1928-2019) sur six femmes majeures non handicapées ! Oui, la tristesse nous envahit..." C’est en ces termes forts que débute la lettre écrite par Mgr Pierre d’Ornellas. En tant qu'accompagnateur de l'Arche internationale, archevêque de Rennes avait célébré la messe d'obsèques de Jean Vanier, le 16 mai 2019 à Trosly-Breuil (Oise).
Pour beaucoup de chrétiens engagés dans le domaine du handicap, c'est la tristesse et sidération. Un homme considéré de son vivant quasiment comme un saint. Derrière la bonté lumineuse qui émanait de lui se cachaient des turpitudes et des mensonges. Le silence, ce sont les victimes d’abus commis dans le cadre de l'accompagnement spirituel, qui ont décidé de le briser pour qu’enfin éclate la vérité au grand jour.
Au-delà de Jean Vanier, cette triste affaire nous invite à nous questionner sur les mécanismes d’emprise spirituelle ou psychologique que l’Église n’a pas su prévenir. Elle nous interroge aussi, chacun de nous comme baptisés : n’avons-nous pas tendance à mettre certaines figures charismatiques sur un piédestal, sans exercer suffisamment notre discernement ?
Oui, la sidération peut actuellement nous saisir mais comment ne pas en rester là ? Comment accepter de dénoncer tout ce qui en nous même et dans l'Église nécessite une réforme profonde ? La crédibilité de l'Évangile au cœur de ce monde est à ce prix.
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