"Il louera la vigne à d’autres vignerons"
Méditation de l'évangile (Mt 21, 33-43) par Mgr Emmanuel Gobilliard
Chant final: "Rien que pour aujourd'hui" par la communauté de l'Emmanuel
En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
« Écoutez cette parabole :
Un homme était propriétaire d’un domaine ;
il planta une vigne,
l’entoura d’une clôture,
y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde.
Puis il loua cette vigne à des vignerons,
et partit en voyage.
Quand arriva le temps des fruits,
il envoya ses serviteurs auprès des vignerons
pour se faire remettre le produit de sa vigne.
Mais les vignerons se saisirent des serviteurs,
frappèrent l’un,
tuèrent l’autre,
lapidèrent le troisième.
De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs
plus nombreux que les premiers ;
mais on les traita de la même façon.
Finalement, il leur envoya son fils,
en se disant :
‘Ils respecteront mon fils.’
Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux :
‘Voici l’héritier :
venez ! tuons-le,
nous aurons son héritage !’
Ils se saisirent de lui,
le jetèrent hors de la vigne
et le tuèrent.
Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra,
que fera-t-il à ces vignerons ? »
On lui répond :
« Ces misérables, il les fera périr misérablement.
Il louera la vigne à d’autres vignerons,
qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
Jésus leur dit :
« N’avez-vous jamais lu dans les Écritures :
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux !
Aussi, je vous le dis :
Le royaume de Dieu vous sera enlevé
pour être donné à une nation
qui lui fera produire ses fruits. »
Source : AELF
Dans la bible, la vigne est souvent comparée au peuple d’Israël, et par extension à l’humanité tout entière. C’est ce qu’une famille possède plus cher, qu’on se transmet de génération en génération, souvenez vous de la vigne de Nabot. C’est pour cela d’ailleurs que les textes sacrés font le lien entre le peuple de Dieu et la vigne. Nous sommes la vigne du Seigneur, parce que nous sommes ce qu’il a de plus précieux, ce qu’il chérit et qu’il veut protéger par-dessus tout. En employant cette comparaison Jésus nous dit, en creux, que nous sommes la prunelle de ses yeux, qu’il nous aime infiniment et que son Père des cieux veut que nous grandissions, que nous nous développions. Mais lorsque Dieu nous aime, ce n’est pas seulement pour nous chérir, c’est aussi pour que nous progressions. La parabole de la vigne et des vignerons signifie donc que le Seigneur veut que nous portions du fruit, et pour cela nous devons entretenir toute notre personne, notre âme, notre esprit, notre corps, mais signifie aussi que nous devons entretenir les liens fraternels, les liens communautaires. Cette parabole signifie que nous appartenons à Dieu. Dans le monde actuel, nous entendons souvent, et en particulier à propos de certaines dérives bioéthiques, que nous nous appartenons nous-mêmes, que notre corps nous appartient. C’est vrai d’une certaine manière, nous avons la responsabilité d’en prendre soin, de l’entretenir, de le soigner. Il nous sert à accomplir ce que nous avons à accomplir, il nous permet, d’aider, de servir, de travailler, d’aimer. Mais il est faux de croire qu’il n’appartient qu’à nous. Ici le Seigneur nous rappelle que notre corps, comme la vigne, appartient aussi au Seigneur. Nous en sommes redevables, et l’entretenir n’est pas seulement un devoir vis-à-vis de nous mais aussi vis-à-vis de Dieu. Notre santé intéresse aussi le Seigneur. Nous ne pouvons pas le détruire ou le confier à n’importe qui sans que Dieu en soit profondément affecté. J’ajoute qu’il appartient aussi à ceux qui nous entourent. Notre vie appartient aussi aux autres. La preuve ? Si je viens à mourir, à souffrir, à me détruire, d’autres que moi en seront affectés, en seront même plus affectés que moi-même. Donc la décision de mourir ou vivre n’appartient pas seulement à moi, mais aussi à ceux qui m’entourent, à l’humanité tout entière au service de laquelle je dois être et à Dieu lui-même. Alors, pour que je porte du fruit, le meilleur moyen est que je me confie à Jésus, au Fils bien aimé dont il est question dans l’Évangile. Lui seul me connait parfaitement, lui seul m’aime infiniment et connait ma valeur. Lui aussi a besoin de moi. Il saura, si je me confie à lui, faire de ma vie une vivante offrande à la louange de sa gloire.
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