"Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit"
Méditation de l'évangile (Lc 15, 1-10) par Mgr Emmanuel Gobilliard
Chant final: "La brebis perdue" par Etienne Tarneaud
En ce temps-là,
les publicains et les pécheurs
venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,
et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une,
n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert
pour aller chercher celle qui est perdue,
jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
Quand il l’a retrouvée,
il la prend sur ses épaules, tout joyeux,
et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins
pour leur dire :
“Réjouissez-vous avec moi,
car j’ai retrouvé ma brebis,
celle qui était perdue !”
Je vous le dis :
C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel
pour un seul pécheur qui se convertit,
plus que pour 99 justes
qui n’ont pas besoin de conversion.
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent
et qu’elle en perd une,
ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison,
et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
Quand elle l’a retrouvée,
elle rassemble ses amies et ses voisines
pour leur dire :
“Réjouissez-vous avec moi,
car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
Ainsi je vous le dis :
Il y a de la joie devant les anges de Dieu
pour un seul pécheur qui se convertit. »
Source : AELF
L’Evangile d’aujourd’hui dit avant tout l’amour inconditionnel, attentionnée de Dieu pour chacun sans exception. Dieu ne préfère personne, ou plutôt il préfère tout le monde. En son Fils, il a tout donné, pour le plus humble, le plus petit. Chaque vie est absolument unique et irremplaçable. Dans le contexte du débat sur la fin de vie, il me semble important de le rappeler, comme l’a fait récemment notre archevêque, monseigneur de Germay. Voilà ce qu’il disait : « Allons-nous pousser les personnes fragiles et en fin de vie à croire qu’elles sont un poids pour leur entourage ? et qu’il serait mieux qu’elles disparaissent ? Allons-nous les enfermer dans la solitude glaciale d’une décision inhumaine à prendre de vivre ou de mourir ? Allons-nous enfin comprendre qu’une société va mieux lorsqu’elle se mobilise pour entourer et prendre soin des plus fragiles ?
Il existe aujourd'hui de nombreuses formes de précarité ; et il ne s’agit pas de dire que c’est une chance. La pauvreté doit être combattue, comme l’ont fait ici à Lyon Jeanne Garnier, Pauline Jaricot, Frédéric Ozanam, Antoine Chevrier, Gabriel Rosset et tant d’autres.
Mais derrière chaque situation de précarité il y a une personne. Et une personne humaine n’est pas un boulet ; elle est une chance. Toute vie humaine est un cadeau. Et si cette vie est fragile ou cabossée, elle est une opportunité pour ceux qui vont bien, ou pensent aller bien. Toute vie fragile est un appel, une invitation à me libérer de mon ego, de la prison intérieure dans laquelle l’individualisme m’a enfermé. Prendre soin des personnes fragiles n’est pas un impératif catégorique que je vais accomplir bon gré mal gré pour être en paix avec ma conscience, c’est une libération et un chemin de développement personnel.
Car la proximité avec les personnes fragiles a un effet boomerang. Je m’efforce de leur faire du bien et je m’aperçois qu’elles me font du bien. Non seulement parce qu’elles m’aident à me libérer de mon égoïsme, mais aussi – et peut-être surtout – parce qu’elles me révèlent mes propres fragilités. Elles m’aident à mettre à distance mes désirs de toute-puissance – je dis mettre à distance car ils sont souvent prêts à réapparaitre – pour consentir à mes failles et accepter d’avoir besoin des autres. »
Les plus pauvres finalement nous rappellent que la brebis perdue, c’est aussi nous qui nous perdons dans le superflu, la volonté de puissance, c’est nous qui avons aussi besoin d’être regardés avec amour par Jésus, qui seul pourra nous sortir de cet enfermement, nous rendre notre liberté, et notre espérance
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