"Ils disent et ne font pas" (Mt 23, 1-12)
En ce temps-là,
Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,
et il déclara :
« Les scribes et les pharisiens
enseignent dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire,
faites-le et observez-le.
Mais n’agissez pas d’après leurs actes,
car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter,
et ils en chargent les épaules des gens ;
mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens :
ils élargissent leurs phylactères
et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners,
les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ;
ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi,
car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner,
et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père,
car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres,
car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé,
qui s’abaissera sera élevé. »
Source : AELF
Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé.
Dieu n’est pas seulement venu sur terre, il est à terre pour vivre agenouillé.
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24).
Si le Sauveur est élevé, il l’est sur une croix à la portée de ses bourreaux et sans doute ont-ils entendu la prière : « Père pardonne-leur ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Les clous étaient incapables de l’attacher sur la croix, il n’y avait que le seul lien de la charité capable de l’y tenir dit si justement Catherine de Sienne.
Que de difficultés pour comprendre ce Dieu qui ne se tient pas là-haut, éloigné, pour se révéler comme un Père dont le Royaume des Cieux n’est autre que le royaume du cœur.
Quel sommet ! Il nous est accessible par les béatitudes, une cordée dont le Christ est le premier, nous invitant à nous élever vers la seule grandeur qui vaille, le service.
L’approche du Royaume est une inversion qui appelle une conversion. L’Evangile, dit justement Kierkegaard, change la mort en vie, mais commence à changer la vie en mort s’agissant de mourir à ces inessentiels que prône le monde.
Le réalisme spirituel du Christ nous invite ce matin à voir ces inessentiels qui nous replient sur nous-mêmes en laissant à l’Evangile la place d’un futur mais le royaume commence ici et maintenant.
Heureux les pauvres, dit le Seigneur le royaume des Cieux leur appartient.
Et si nous acceptions de nous demander ce qui appartient aux pauvres maintenant. Une telle interrogation ouvre le champ des transformations sociales mais pas seulement ; pour reprendre l’expression d’Emmanuel Mounier, c’est en donnant place au spirituel que notre monde sera habitable pour tous.
Certes, ce passage est difficile ; il est celui de la Pâque, notre Pâque où d’habitués, nous sommes appelés à être habités. Il s’en suit inexorablement des incompréhensions mais le Christ a-t-il été compris.
Chaque matin, l'Évangile du jour commenté par un prêtre ou un pasteur. Ce temps de prière invite à prendre le temps de la méditation et s'achève par la proclamation du Notre Père.
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