Dans l'Église, il existe une tradition très ancienne d'accompagnement spirituel. Si on l'a parfois désignée avec des termes plus ou moins ambigus, comme "direction spirituelle", cette démarche a pour but de chercher Dieu ensemble. Quand il s'agit de savoir quelle est sa vocation, de prendre des décisions importantes ou d'approfondir sa relation à Dieu, l'accompagnement peut se révéler précieux. Suzanne Giuseppi-Testut lui consacre un ouvrage, "Petit précis d'accompagnement spirituel" (éd. Nouvelle Cité).
L'accompagnement spirituel, pour Suzanne Giuseppi-Testut, apprend à "faire des choix". "La liberté a un prix, elle est exigeante et nous avons de multiples indécisions." En relisant son passé, en étant à l'écoute de ses désirs et à l'écoute de Dieu, on entre "dans sa liberté d'enfant de Dieu" et on apprend à se découvrir soi-même.
Entre l'accompagnant et l'accompagné il y a une distance, et "dans cet espace c'est le Christ qui est là", explique Suzanne Giuseppi-Testut, qui a été elle-même accompagnée et est aujourd'hui accompagnante. Elle insiste : "On ne s'invente pas, on ne s'improvise pas, on ne s'auto-proclame pas accompagnateur spirituel." L'accompagnant a pour mission d'écouter, mais surtout de ne pas diriger. On a parfois évoqué le terme de "direction spirituelle", or "on ne dirige pas l'âme de quelqu'un".
Si de nos jours on accepte facilement l'aide d'un coach professionnel, d'un médiateur familial ou d'un conseiller juridique, en ce qui concerne l'accompagnement spirituel, c'est plus flou voire incertain. "Ça peut aussi faire peur", remarque Suzanne Giuseppi-Testut, qui constate une "méconnaissance" sur l'accompagnement spirituel, et ce "même en Église". Méconnaissance d'autant plus dommage que "la quête de l'homme est intemporelle". "Je crois qu'il y a une très grande quête à l'heure actuelle, beaucoup de personnes sont en recherche, et beaucoup ne savent pas très bien ce que c'est."
L'accompagnement spirituel est un véritable "trésor" de la tradition chrétienne. Et une tradition millénaire qui remonte au Christ, puisque "le Christ a accompagné les apôtres, qui ont accompagné les premiers Pères apostoliques, les Pères du désert, les Pères de l'Église, et ainsi de suite jusqu'à aujourd'hui". Ainsi, saint Irénée de Lyon au IIe siècle était accompagné par saint Polycarpe, lui-même Père apostolique, c'est-à-dire venant directement après les apôtres. Et Polycarpe était lui-même accompagné par saint Jean l'évangéliste.
Au XXIe siècle, nous vivons dans un contexte de déchristianisation et d'émergence de nombreuses spiritualités. Nos sociétés occidentales sont également marquées par un fort engouement pour les méthodes de développement personnel et on se tourne volontiers vers des psychothérapeutes. Dans ce contexte précis, où situer la tradition de l'accompagnement spirituel ? Quelles différences avec la psychothérapie ?
"Dans l'accompagnement spirituel on ne fait pas abstraction de la dimension psychologique de la personne." Suzanne Giuseppi-Testut précise bien que les accompagnateurs spirituels doivent avoir de solides "connaissances des rouages de l'âme" - autrement dit des connaissances en psychologie. "Il est certain, confie-t-elle, que si je m'aperçois que la personne développe véritablement une pathologie, je l'envoie chez un psychothérapeute ou un psychiatre."
Émission d'archive diffusée en juillet 2019
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