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Le concile d'Ephèse

Un article rédigé par Jean Charmois - Dialogue RCF (Aix-Marseille),  - Modifié le 16 novembre 2021

Dans cette épisode, Jean Charmois, orthodoxe, raconte du concile d'Ephèse et son importance historique.

(Pixabay)(Pixabay)

Le concile d’Ephèse

La situation politique au début du Vème siècle est en évolution importante : l’empire romain est confronté à des tensions externes (les invasions barbares/la menace Perse) et internes (empire d’Orient et d’Occident). 
Le successeur de Théophile en 412, son neveu Cyrille, est un homme de paix : comme Antioche et Constantinople, il reconnait la réhabilitation de Jean Chrysostome.

Mais Nestorius, disciple de Théodore de Mopsueste, va forcer la doctrine de son maître, et défendre une division dans la personne du Christ. Il refuse de dire que le Verbe a souffert dans sa passion, et refuse de dire la Vierge Marie mère de Dieu. 
Nestorius propose d'utiliser plutôt Christotokos (« Mère du Christ ») car selon la lettre de l’Evangile, la Vierge Marie est seulement la mère de l'homme Jésus. Il introduit alors une dissociation entre le Christ, Verbe de Dieu et Jésus de Nazareth, fils de Marie.

 

Le concile

Fin 428, Nestorius écrit à l'évêque de Rome Célestin 1er  pour appuyer sa thèse, Cyrille diffuse alors plusieurs exposés théologiques où il reproche à Nestorius d'enseigner une simple "association" dans le Christ des deux natures humaine et divine, sans union véritable : il n'y a alors plus ni rédemption, ni même eucharistie !

Célestin suit le discours de Cyrille et réunit un concile romain qui condamne Nestorius. Cyrille envoie à Nestorius une nouvelle lettre très stricte, sous forme de "Douze anathèmatismes" qu’il lui demande de recevoir. 

L'empereur Théodose II décide de réunir un concile à Ephèse pour la Pentecôte 431, avec l’assentiment du pape de Rome.
Entre temps, l’archevêque Jean d'Antioche, qui avait obtenu de Nestorius une acceptation conditionnelle à la formule "Marie Mère de Dieu" (Théotokos), conteste la validité orthodoxe des "Douze anathèmatismes" et demande à ce que cela soit vérifié par le concile.

Le concile se réunit dans la plus grande confusion le 22 juin 431,  Tous les évêques ne sont pas présents en même temps : à l’ouverture, il n’y a que Nestorius, patriarche de Constantinople, accompagné de 16 évêques, face à Cyrille d'Alexandrie et 154 évêques. Malgré la protestation du représentant de l’empereur, Cyrille engage le débat et fait condamner immédiatement Nestorius.

Les évêques orientaux, Jean d’Antioche et 50 évêques,  n'arrivent à Ephèse que le 26 juin, mais obtiennent le jour même la déposition de Cyrille. La situation devient complètement conflictuelle. 

Nestorius restera finalement la seule victime de ce Concile mouvementé. Cyrille avait pour lui l'approbation du pape et de la majorité conciliaire. 
Le peuple d’Ephèse, qui attendait la conclusion du concile, manifesta bruyamment sa joie , lorsque l’annonce de Marie Mère de Dieu fut proclamée. 
L’Église de Perse, qui n'était pas représentée au concile d’Éphèse, refusa les conclusions du concile et resta définitivement sur cette position. Ce fut le premier schisme durable dans l’Eglise et il dure encore aujourd’hui.

 

Après le Concile

En 444 Cyrille meurt et il est remplacé par Dioscore sur le siège d'Alexandrie. Dioscore défend la position d’un moine d’Alexandrie, Eutychès, pour qui le Christ est « de deux natures avant l'union, mais, après l'union, d'une seule nature » . C'est un  « monophysisme » affiché : l'humanité du Christ se dissout dans la divinité « comme une goutte de vinaigre se dissout dans la mer ». Ce monophysisme radical se répand à Alexandrie et en Egypte, avec l'appui de l'empereur.

 

L’apport du Concile à notre foi d’aujourd’hui

Un siècle s’est écoulé depuis le concile de Nicée. La formule de Nicée « Jésus-Christ consubstantiel au Père » a été universellement acceptée. L’arianisme a quasiment disparu.

Mais les questions au sujet du Christ et au sujet de l’homme Jésus rebondissent :
Comment doit-on comprendre l’unité de celui qui est Dieu et homme ? Est-il vraiment Dieu et vraiment homme, toujours ou par alternances ? Jésus avait-il une personnalité humaine ? Le Verbe de Dieu pouvait-il souffrir réellement ? Celui qui assume la nature humaine, c’est Dieu, il n’y a pas de difficulté sur le sujet. Mais ce qui est assumé, est-ce un homme ou une nature humaine ?

Questions que nous nous posons encore aujourd’hui, si nous sommes sincères avec nous-mêmes.

Le concile d’Ephèse n’a pas cherché à démontrer une vérité, à la manière philosophique, pour définir qui est le Christ et comment l’homme et Dieu sont réunis. L’objectif de ce concile, c’est de transmettre fidèlement, mais dans des mots humains, la révélation donnée aux hommes par Jésus-Christ. 

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