Depuis plus de 40 ans il écrit. Que ce soit pour le chant ou pour des revues comme Panorama, Yves Duteil nous éblouit par son émerveillement, ses engagements et sa quête spirituelle. Si profondément ancrée en lui, que l’auteur de 'Prendre un enfant un enfant par la main' en fait un récit, intime et puissant. Il publie 'Et si la clé était ailleurs?' (éd. Médiaspaul), où il évoque sa vie et son métier d’artiste.
Quand son texte était à l'état d'ébauche, il l'appelait son 'Credo'. Dans 'Et si la clé était ailleurs?' l'artiste, qui se tient décidément hors du star system confie tout 'ce à quoi [il] croit'. 'C'est vraiment mon credo, dit-il, cette conviction que l'immatériel est peut-être plus solide en nous que ce que l'on peut toucher.' Ses parents n'étaient ni 'religieux' ni 'pratiquants'. Yves Duteil est né en 1949 dans une famille juive, il a été baptisé à l'Église par 'précaution', car même après la guerre il fallait se prémunir de l'antisémitisme.
D'où vient qu'il ait 'gardé' en lui 'quelque chose d'étrange qui parle de Marie, de Jésus et du christianisme?' Il n'a pas grandi dans l'ombre d'un dogme, ni été puiser aux sources de l'Évangile. 'Je me suis fait ma propre religion.' C'est en priant il a découvert qu'il croyait. 'J'admets que je crois: à partir de là je n'ai plus jamais été seul dans ma tête.'
La quête de spiritualité, Yves Duteil en est convaicu, tout le monde l'a. Même si on la découvre à la fin de sa vie. 'C'est quelque chose que l'on découvre en soi au fil de sa vie.' Pour lui, la rencontre avec Mgr Jean-Michel Di Falco, aujourd'hui évêque émérite du diocèse de Gap, a été décisive. Et c'est à mi-mot que l'artiste nous parle d'une 'épreuve' qui lui a fait expérimenter sa petitesse. 'Dans ces moments-là on a le sentiment d'être impuissant, comme un fétu de paille.' La prière, sans qu'il y prenne garde, lui a fait entrevoir cette 'force au-dessus de nous, quelque chose de difficilement définissable'.
Sur ses épaules pèse un lourd héritage. Certains de ses ancêtres ont connu Auschwitz et la déportation. Et si l'on remonte plus loin encore dans le temps, il y a eu l'affaire Dreyfus. Sa grand-mère était la soeur de l'épouse de l'officier. Même si la lignée n'est pas directe, l'artiste confie son 'sentiment d'avoir hérité de ça'. À 67 ans, Yves Duteil reste 'choqué, blessé par l'injustice' et 'amoureux de la vérité'.
Dans l'un de ses écrits, Dreyfus se disait 'porté par l'intangible souverainté de l'âme'. Un héritage spirituel qui vous élève. Il écrit: 'La spiritualité ajoute une dimension d'altitude qui manque sur le papier.' En d'autres termes, 'on peut toujours mettre des mots sur les choses que l'on ressent, il y aura toujours quelque chose qui échappe.'
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