En Normandie comme partout en France, les projets de création de patronages se multiplient. Adossés à une paroisse, ces "centres aérés cathos" permettent aux jeunes de découvrir et nourir leur foi dans "un environement où l'on prend soin du corps, de l'âme et de l'esprit", comme en témoignent Corentine et Henry Huvey. Ce jeune couple sillonne la France pour promouvoir ce concept ancien, mais plein d'actualités, auprès des communautés chrétiennes. Au-delà de ces structures, l'esprit "patro" irrigue aujourd'hui les différentes pastorales des jeunes des diocèses.
De Mortagne-au-Perche à Lisieux en passant par Caen ou Rouen, les patronages retrouvent des couleurs en Normandie. Un phénomène que l'on retrouve partout en France. Tombés en désuétude au sortir de la seconde-guerre mondiale, après de riches heures à l'époque de Don Bosco à la fin du XIXème siècle, ces tiers-lieux, entre école et domicile, où les enfants et les jeunes peuvent expérimenter une vie fraternelle autour du jeu et de la prière sont à nouveau plébiscité au sein des communautés chrétiennes.
Pour le P. Jean-Marie Petitclerc, prêtre salésien, fondateur du Valdocco en région parisienne et éducateur, ce n'est pas un hasard : "Comme à l'époque de Don Bosco, nous vivons une révolution sociétale." Et de préciser : "A la fin du XIXème siècle, on passe d'une société rurale et paysanne à une société urbaine et industrielle et aujourd'hui nous vivons la révolution du numérique dont nous ne sommes qu'au début." Pour lui cette révolution n'est pas que technologique. Elle est aussi "culturelle" car elle change notre rapport au temps (c’est le "tout, tout de suite"), à l'espace ( "tout jeune peut dialoguer avec un autre jeune à l'autre but du monde") et enfin à l'autorité où le rapport vertical est remplacé par une profonde horizontalité des rapports sociaux ( " Un like d'un internaute anonyme a la même valeur que celui d'un expert ayant travaillé le sujet trois ans durant...")
Dès lors, le patronage, qui ancre l'enfant dans une réalité tangible, celle du jeu et du sport en plein air, et dans une vérité partagée, celle de la foi, apporte des repères salvateurs dans un monde en pleine mutation.
En période de mutation, il est plus difficile d'être jeune car il est plus difficile de se projeter et il est aussi plus difficile d'éduquer car les valeurs ne sont plus socialement partagées
Les patronages, comme les aumôneries de jeunes, sont des lieux fréquentés par des familles chrétiennes, mais pas que. Ils attirent aussi des enfants dont les parents recherchent un mode de garde sain pour leurs enfants. Loin des écrans, ils peuvent jouer au contact de la nature, dans un cadre où existent des règles. La dimension religieuse, si elle existe, n'est pas au premier rang et l'évangélisation passe d'abord par la joie et la qualité de la relation. "Beaucoup de jeunes qui toquent à la porte sans trop savoir pourquoi ils sont là, constate Anne Clerval, animatrice à la Pastorale des jeunes du diocèse de Bayeux et Lisieux, mais ils ont une grande curiosité et recherche de sens." Son de cloche identique du coté de Corentine et Henry Huvey d'Esprit de patronage : " Notre mission est née de ce constat fait lors des missions de rue du mouvement Anuncio que les 15-20 ans ne refusaient jamais de parler de Dieu avec nous quand nous les abordions." Et le jeune trentenaire d’ajouter : "Ils avaient plein de question sur le sens de la vie, la mort, l'amour et ils ne trouvaient pas de personnes avec qui échanger."
Et le patronage est un lieu unique où le jeune peut être avec ses amis, jouer, s’amuser, en même temps être avec un prêtre ou une religieuse et poser des questions qu’il ne s’est jamais posé et faire naitre en lui un éveil spirituel
Le patronage, comme les aumôneries de jeunes ou le scoutisme, est un lieu qui permet à de nombreux enfants de découvrir Dieu. « Ils y découvrent naturellement quelque chose de plus grand qu’eux » constate Henry Huvey. Mais cette transmission de la foi ne se fait pas par la doctrine. Pour le P. Jean-Marie Petitclerc, « c’est en voyant l’adulte avec qui il a joué quelques minutes auparavant prier en vérité, que l’enfant va s’interroger sur la prière ». Enfin, Corentine Huvey souligne l’importance de la joie pour transmettre à l’enfant l’attachement à l’Eglise en tant que communauté des chrétiens. Anne Clerval pour sa part retient la pertinence de faire prier les enfants et les jeunes les uns pour les autres : « Ils prennent conscience qu’ils peuvent prendre soin de leurs amis par la prière et c’est un beau moyen de vivre ensemble l’Eglise et la foi. »
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