Le protestantisme nait au XVIème siècle. Il naît d’abord de façon plurielle, avec Luther, Calvin et d’autres. Mais aussi avec une réforme radicale. A cette époque, explique Pierre Gisel, ancien doyen de la faculté de théologie de Lausanne et grand penseur de la théologie francophone,tout le monde bouge qu’il s’agisse des catholiques, ou de ces nouveaux protestants. Une véritable diversité, géographique, diachronique ou synchronique que l’on sous-estime parfois, ajoute-t-il.
De nombreuses enquêtes affirment aujourd’hui que ce sont les protestants évangéliques qui ont le vent en poupe aujourd’hui, au détriment d’un protestantisme dans la droite ligne des réformateurs. A cela, Pierre Gisel précise qu’au premier abord, c’est bien la tendance que l’on observe. Ce sont eux qui font parler d’eux, qui se manifestent.
Il n’est pas simple d’observer un socle commun entre les différents types de protestants. "Je trouve qu’il y a plus d’hétérogénéité que de socle commun. La différence est très nette, pas seulement dans le style de piété. Mais également dans la manière de penser la religion. Par exemple en ce qui concerne la lecture de la Bible" explique Pierre Gisel
Le protestantisme présente une manière de prendre en charge les réalités humaines. En principe, c’est une réforme. On n’est pas en train de recréer le christianisme. Ce n’est pas une refondation. Des réformes il y en a eu tout au long de l’histoire chrétienne, catholique. Mais un mouvement de réforme, c’est normal pour une religion qui doit s’inscrire dans la discontinuité du temps, rappelle Pierre Gisel. Pour autant, les protestants n’ont pas renié ce qui est de l’ordre de la tradition.
Face à ces temps d’inquiétude, le protestantisme veut apporter plusieurs réponses. "La modernité est là, elle nous interroge à différents titres. Nous avons à l’assumer. Maintenant, cette modernité est pleine d’ambigüité. On a une société très homogénéisante, et retrouver ce que les religions pouvaient porter peut être une chance pour la société" commente à ce sujet Pierre Gisel.
"Les protestants ont quasiment dans leurs gênes une posture critique. Cela devrait être une force pour aujourd’hui. Encore faut-il ne pas s’inscrire dans une posture sectaire" conclut le théologien.
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