"Le publicain redescendit dans sa maison ; c’est lui qui était devenu juste, plutôt que le pharisien"
Méditation de l'évangile (Lc 18, 9-14) par le père Nicolas de Boccard
Chant final: "Qui s’élèvera sera abaissé" par le Choeur Cantemus Domino
En ce temps-là,
à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes
et qui méprisaient les autres,
Jésus dit la parabole que voici :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier.
L’un était pharisien,
et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts).
Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :
‘Mon Dieu, je te rends grâce
parce que je ne suis pas comme les autres hommes
– ils sont voleurs, injustes, adultères –,
ou encore comme ce publicain.
Je jeûne deux fois par semaine
et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’
Le publicain, lui, se tenait à distance
et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ;
mais il se frappait la poitrine, en disant :
‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’
Je vous le déclare :
quand ce dernier redescendit dans sa maison,
c’est lui qui était devenu un homme juste,
plutôt que l’autre.
Qui s’élève sera abaissé ;
qui s’abaisse sera élevé. »
Source : AELF
Une parabole n’est pas une histoire facile à bien entendre. Elle n’est pas un récit extérieur à nous-même, avec des personnages que nous voyons évoluer. Le propre d’une parabole, c’est de nous mettre en scène avec les autres acteurs. Le rideau s’ouvre, à nous d’entrer en scène. Et c’est là, et là seulement que l’on comprend le sens de cette parabole.
Deux attitudes semblent contradictoires dans cet évangile :
Car là, le jugement est sans appel : voila un juste qui se glorifie devant Dieu, et un pauvre qui se frappe la poitrine en se tenant au fond du Temple. Et pourtant c’est ce dernier qui fut justifié aux yeux de Dieu. Dieu serait-il injuste en se détournant du juste et en accueillant le pauvre ? Cela peut être révoltant et encourager la médiocrité de celui qui accuse ses fautes. D’ailleurs en récompensant le pauvre pharisien, Jésus semble bénir une attitude misérabiliste. Le chrétien n’est-il pas, à la suite de Jésus, celui qui a toujours tout faux, qui a toujours tort, qui n’est pas en paix parce qu’il n’a pas encore avoué tous ses péchés ? Les repentances à répétition de l’institution n’en sont-elles pas un signe ?
Or, cette parabole n’est pas une opposition entre le publicain et le pharisien ; elle distingue simplement entre l’homme qui a besoin de Dieu et s’en remet à Lui dans sa vie concrète ; et celui qui n’en a pas besoin, ou plutôt qui se sert de Dieu pour asseoir sa position.
Le drame est là, il se vit à tous les niveaux, et on est tous tout autant concernés : la tentation de faire son œuvre, de construire le monde par rapport à soi, ses intérêts, sa vision…. Cela se retrouve aussi au sein de l’Église lorsque l’on est convaincu qu’il faut aller dans un sens – et un sens uniquement – en général celui que les médias nous assènent à longueur de temps !
Le pharisien, lui, n’a pas besoin de Dieu, il ne prie pas ni ne l’écoute, il se regarde et se met au centre de sa prière. Le publicain montre, dans sa prière qu’il a besoin de Dieu, il s’abandonne. Dieu cherche des cœurs qui s’ouvrent à Lui, dans la pauvreté et la simplicité pour accomplir une œuvre qui nous dépasse et qui est plus grande que nous. « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé ».
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