Comme toutes les semaines, ce vendredi ils seront des millions à cesser dès la tombée du jour toute activité: travail, mais aussi cuisine, conduite ou utilisation du téléphone... Dans un monde où l'hyperactivité et l'hyperconnection sont devenus la norme, ce jour du shabbat est un signe fort. Pilier de la vie juive qui rythme les semaines, le shabbat correspond à une manière d'être et d'envisager le temps, sa relation à Dieu et aux autres.
"Shabbat" est communément traduit par le jour du repos. Il renvoie au repos de Dieu dans la Bible. Or si le besoin de se reposer se fait sentir lorsque l'on est fatigué, difficile d'imaginer cela d'un Dieu tout-puissant ! Et si l'on se réfère à la Torah, la Bible hébraïque, comme le propose le rabbin Mendel Bitton, il est noté que "tous les sept ans la terre doit observer le shabbat". Or, "une terre ne peut pas se reposer, elle n'est pas fatiguée et ne travaille pas !"
Comment donc traduire le terme de shabbat ? Cessation, retrait, mise à distance ? Mendel Bitton propose "retraite", déjà parce qu'il fait référence aux personnes âgées, un peu comme "un hommage". Surtout qu'un grand nombre de retraités s'engagent dans le secteur associatif, au nom de valeurs. "Shabbat, c'est arrêter un travail contraignant et avoir une occupation volontaire qui correspond à une aspiration spirituelle."
Dans la Genèse, il est écrit que Dieu a créé le monde en sept jours. Pourquoi dit-on que la création s'est faite en sept jours si Dieu s'est reposé le septième ? Pour les sages de la tradition juive, ce septième jour est celui de la création du repos, "menoukha" en hébreu - qui signifie aussi apaisement. Ce temps de silence ou de retrait, où l'on n'est pas dans le faire mais dans l'être, est celui qui vient parachever la création, la compléter et la terminer.
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