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Les maraudes de l'Ordre de Malte : au service des plus précaires

Un article rédigé par Pierre Raoux - RCF, le 1 juillet 2024 - Modifié le 2 juillet 2024
Je pense donc j'agisLes maraudes de l'Ordre de Malte, au service des personnes précaires

Apporter de l’aide aux sans-abris et aux plus démunis, c’est ce que font les bénévoles des maraudes de l’Ordre de Malte. Quelles actions mènent-ils pour aider les personnes dans le besoin ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.

Une maraude à Paris avec des bénévoles de l'Ordre de Malte © Page Facebook de l'associationUne maraude à Paris avec des bénévoles de l'Ordre de Malte © Page Facebook de l'association

Nées dans les années 1980 pour répondre à la crise croissante de l’exclusion sociale des sans-abris, les maraudes de l’Ordre de Malte incarnent un engagement profond et humanitaire envers les personnes en situation de précarité. Prenant de nombreuses formes, ces maraudes peuvent aussi et surtout être médicales, rassemblant des médecins bénévoles qui apportent leur aide aux plus démunis, que ce soit en les écoutant ou en leur apportant les soins nécessaires. Ces bénévoles créent de fait un lien essentiel avec ces personnes, trop souvent laissées pour compte sur les trottoirs. 

Bénévole à l’Ordre de Malte, un engagement fort

L’histoire de certains bénévoles de l’Ordre de Malte révèle des parcours inspirants et témoigne de leur engagement envers les principes de solidarité et de charité. Patrick Fievet, médecin référent Solidarité Santé pour l’Ordre de Malte, raconte comment il a rejoint cet Ordre : “C’est en sortant d’une messe que j’ai rencontré un couple qui faisait des maraudes depuis plusieurs années déjà, et qui m’a demandé de venir en faire avec eux. J’y songeais beaucoup et comme j’avais beaucoup de temps libre, étant à la retraite, j’ai pris ma décision. Le jeudi même, j’étais dans un camion avec un médecin responsable pour faire des maraudes et depuis quatre ans, je continue.”

J’ai pu rejoindre les maraudes et commencer une formidable aventure, avec des rencontres et des partages.

La démarche de Barbara Charmette, psychologue clinicienne du travail et bénévole de l’Ordre de Malte dans la délégation des Yvelines, lui a été inspirée par un membre de sa famille : “Mon fils est secouriste au sein de l’Ordre depuis plusieurs années déjà.  En 2022, il m'a dit qu'il y avait un projet de créer une maraude médicalisée dans les Yvelines. J’ai contacté le responsable et j’ai pu rejoindre les maraudes et commencer une formidable aventure, avec des rencontres et des partages. J’apporte depuis humblement ma petite pierre à l’édifice de préservation de la dignité humaine.”

Claudine Freiermuth, médecin anesthésiste-réanimateur bénévole à l’Ordre de Malte doit son entrée dans l'association à une rencontre fortuite : “Lors d’un audit pour l’hôpital de Bethléem géré par l’Ordre de Malte, j’ai rencontré Guy Lessieux, un docteur qui faisait des maraudes médicalisées. Après avoir sympathisé et échangé nos coordonnées, j’ai repris contact avec lui après ma retraite et nous avons commencé à travailler ensemble. Malgré une première maraude complexe, nous avons collaboré pendant plus de dix ans et je continue aujourd’hui mon engagement au sein de cet Ordre.”

Des actions menées pour porter secours aux plus démunis

En France, l’Ordre de Malte apporte de l’aide et soutient les plus vulnérables par une variété d’actions humanitaires et sociales. “Les maraudes, c’est avant tout aller vers les plus démunis. On forme une équipe, habituellement de quatre personnes, qui se rend auprès des plus démunis pour leur apporter l’aide médicale dont elles ont besoin”, explique Patrick Fievet.

Il ne suffit pas de prescrire un comprimé pour aider la personne, il faut que l’on prenne le temps de l'écouter et de créer un lien de confiance.

Pour autant, le soin apporté n’a rien à voir avec une consultation classique, d’après Barbara Charmette: “C’est une posture très différente à avoir en tant que médecin, car la pratique diffère beaucoup de celle traditionnelle : il faut écouter la personne et être très patient et non pas faire un nombre de consultations défini pour remplir un quota." Une vision que partage Claudine Freiermuth : “Il ne suffit pas de prescrire un comprimé pour aider la personne, il faut que l’on prenne le temps de l'écouter et de créer un lien de confiance. Cela peut devenir très chronophage, mais c’est vraiment important." Une approche tournée davantage vers la qualité du traitement plutôt que la quantité de personnes aidées selon Patrick Fievet : “On ne fait pas que délivrer les soins à la personne, on s’assure surtout qu’elle a reçu toute l’aide, aussi bien physique que psychologique, de notre part.”

Mais que fait un psychologue sur le terrain ? “Je fais un travail d’écoute, en créant un cadre propice à l’aide, mais je fais aussi office d’infirmière en assistant les médecins. Il n’y a pas vraiment de suivi à proprement parler de ces personnes, mais on continue de les voir en instaurant une régularité dans les visites”, raconte Barbara Charmette. Une aide très importante sur le terrain, d’autant plus qu’elle se fait rare ces derniers temps : “On a désespérément besoin de médecins bénévoles, car la plupart vieillissent, vu que la majorité qui apporte leur aide est à la retraite”, explique Claudine Freiermuth.
 
L’Ordre de Malte aide-t-il aussi les personnes âgées qui vivent seules ?”, interroge Marie, fidèle auditrice âgée et isolée, de RCF. “C’est ce qu’on appelle plus communément la précarité invisible: les personnes âgées qui vivent seules chez elles et qui ont besoin d’aide car elles sont oubliées du système" rappelle Philippe Fievet avant de répondre: "On développe aujourd’hui des prises en charge en fonction de leurs besoins." À  l'image de Marie, nombre de personnes souffrent d'isolement, notamment en zones rurales. 

Un engagement spirituel

Au sein de l’Ordre de Malte, la spiritualité et la foi jouent un rôle central, guidant les membres et les bénévoles dans l’engagement humanitaire et renforçant leur dévouement envers les valeurs chrétiennes : “La foi est l’espérance de l’amour et de la lumière qui nous traverse pendant les maraudes. On y expérimente la fraternité et l’appartenance à un bien commun”, témoigne Barbara Charmette. Une opinion que partage aussi Claudine Freiermuth : “La foi n’est pas obligatoire, elle est indispensable dans l’Ordre pour aimer son prochain malgré les difficultés qu’il a rencontrées." L’uniforme de l’Ordre est lui aussi symbole de foi selon Patrick Fievet : “L’uniforme et la croix de Malte représentent notre foi. Quelque part, c’est comme si on portait l’amour de Dieu et qu'on allait l'apporter aux plus démunis."

La foi porte les bénévoles de l’Ordre dans leur mission et leur donne les ressources pour apporter une “médecine de la lumière” aux plus pauvres : “Certains nous voient comme les médecins de l’ombre, car nous n’agissons pas sous les projecteurs. Mais j’aime à croire que nous sommes des médecins de la lumière, qui apportons la joie et le sourire aux personnes qui en ont le plus besoin”, témoigne Patrick Fiévet. “On illumine les visages de ces personnes, c’est en cela qu’on est des médecins de la lumière”, ajoute Barbara Charmette.

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