Elle a été l'une des premières voix en France à alerter l'Église sur les abus sexuels commis en son sein, le pape François l'a nommée membre de l'Académie Pontificale pour la Vie, Marie-Jo Thiel est aujourd'hui au micro de Laetitia Forgeot d'Arc.
Depuis 20 ans, elle porte avec détermination la recherche transdisciplinaire sur les abus sexuels, notamment dans l'Eglise, et leurs conséquences sur les victimes.
Avec son double cursus en médecine et théologie, de nombreuses personnes se sont naturellement tournées vers Marie-Jo Thiel pour lui demander conseil dans les années 90, sur les questions d'inceste et d'abus sexuels.
Elle ne s'attendait pas forcément à se retrouver dans ce rôle d'écoute. "Des gens sont venus vers moi, pourquoi je n'en sais rien, parfois je me dis...bon ben voilà j'étais, entre guillemets, prédestinée mais dans le meilleur sens du terme" analyse-t-elle.
À une époque où internet n'existait pas, où la parole n'était pas partageable, Marie-Jo Thiel constate qu'il y avait peu d'outils disponible pour les victimes d'abus que ce soit psychologiquement, juridiquement ou socialement.
Grâce à son parcours, aux témoignages et aux informations récupérées, Marie-Jo Thiel écrit un livre en 2019 qui a un effet retentissant, "L’Eglise catholique face aux abus sexuels sur mineurs" publié aux éditions Bayard .
"De fil en aiguille, c'est une question qui m'a toujours préoccupée, les évêques m'ont demandé de les aider à réfléchir, j'ai fait pas mal de formations etc, et à force, c'est comme ça que je suis arrivée à travailler jusqu'à écrire cet ouvrage qui m'a quand même beaucoup coûté".
Un ouvrage qui a été publié pour libérer la parole sur un sujet tabou. "Je crois que pour libérer la parole, il faut d'abord être réceptif, je crois que ça, c'était un très gros problème, à la fois dans l'Église et en dehors de l'Église, dans la société, parce qu'on n'admettait pas que les victimes soient vraiment des victimes" explique Marie-Jo Thiel.
"Dans la foi chrétienne nous avons des ressources qui nous permettent de nous indigner, et l'indignation est une attitude saine". Pour Marie-Jo Thiel, dire non à ce qui n'est pas acceptable, ne veut pas dire non à l'Église, bien au contraire.
"Je m'indigne pour convoquer les énergies qui sont susceptibles de travailler ensemble pour essayer d'aller de l'avant" clame-t-elle.
En pointant du doigt ce qu'il y a de moins bon, comme le fonctionnement de la curie ou la place des femmes, Marie-Jo Thiel souhaite amener l'Église vers le meilleur.
Ce qui la porte à continuer cette difficile recherche de vérité c'est son amour pour le Christ "qui nous dit je reste avec vous jusqu'à la fin des temps".
Cette énergie qui anime Marie-Jo Thiel, vient de sa relation avec le Christ, de sa vie de prières et de ses relations. Une foi chevillée au corps, qui la porte au quotidien dans son combat pour la vérité.
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