Marie-Claire Bussat Enevoldsen est journaliste et auteure en Haute-Savoie. Un jour, elle découvre l’existence de Jeanne de Chantal, co-fondatrice de l'Ordre de la Visitation avec François de Sales. Si 450 ans séparent les deux femmes, l’une se fascine rapidement pour la sainte qui a vécu une vie d'épouse, de mère et de veuve, avant de devenir une religieuse bâtisseuse de communautés.
L’une est née en Bourgogne en 1572, l’autre est journaliste et a publié "Le voile et la plume" (éd. Bayard), qui rend hommage à Sainte Jeanne de Chantal. Marie-Claire Bussat Enevoldsen explique comment la vie de la sainte l’a inspirée et influencée.
"Je ne connaissais rien de cette femme, et c’est en lisant un livre sur elle que j’ai eu un coup de cœur". Marie-Claire Bussat Enevoldsen décide d’écrire sur elle. Alors journaliste, elle rédige notamment des portraits, et rencontre l’abbé Chabord, "un prêtre soignant d’une qualité médicale reconnue, surtout à Genève". Marie-Claire Bussat Enevoldsen lui consacre une biographie et au cours de ses échanges avec le prêtre, il lui parle de la "merveilleuse Jeanne de Chantal", originaire de Savoie. "Il m’a dit qu’un jour, j’écrirai un livre sur elle !", se souvient-t-elle.
La biographe se renseigne, et a vite un "coup de foudre spirituel" à l’égard de la sainte. Elle se fascine pour elle, et mène un long travail de recherche : "toute sa correspondance n’était pas encore publiée. Je n’arrivais pas à savoir comment elle avait passé les 38 premières années de sa vie, étant donné qu’elle avait brûlé toutes ses lettres". En s'appuyant sur les lettres de François de Sales adressées à Jeanne de Chantal, "on devine les questions de Jeanne" et cela permet de mieux la connaître.
Jeanne de Chantal, c’est d’abord une jeune femme de bonne famille, dont le mariage arrangé se transforme en mariage d’amour. Mère puis veuve, Jeanne est "abusée spirituellement". Plus tard, elle rencontre François de Sales avec lequel elle fonde l’Ordre de la Visitation.
"C’est une femme à fort tempérament, très intelligente et pieuse", explique la journaliste, qui voit en Jeanne de Chantal une personne "profondément libre, en son for intérieur". Les documents et les archives étudiés dressent le portrait d’une femme qui "allait toujours de l’avant malgré le patriarcat terrible qu’elle subissait". À son époque, Jeanne est "une sorte de Mère Térésa : on l’appelait la dame parfaite". Très impliquée pour les plus pauvres, la sainte participait aux soupes populaires, aidait dans les orphelinats, et aura un rôle non négligeable au moment de la peste.
Au fur et à mesure de ses recherches, Marie-Claire Bussat Enevoldsen se sent complice de celle sur qui elle travaille : "je ressentais tout ce qu’elle traversait. J’entrais dans le religieux dans cette congrégation avec elle". Dans son livre, la journaliste se concentre surtout sur les "38 années de vie active" de Jeanne, et sur les raisons qui la poussent à "quitter ce monde" pour prendre l’habit.
"Elle m’a transformée". Les recherches de Marie-Claire Bussat Enevoldsen s’étendent sur une année. "Je lui parlais. Je lui demandais "pourquoi pleurer maintenant ? pourquoi ce doute ? Je lui disais : Dieu est en vous, Jeanne, pourquoi aller le chercher ailleurs?". Aujourd’hui encore, la biographe prend des notes et continue à s’adresser à la sainte : "elle reste présente".
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