A Fougères, une rue porte son nom, et une statue à son effigie trône depuis 1937 devant l’église Saint Léonard. L’abbé Louis Bridel, figure locale majeure engagée pour le monde ouvrier, est au coeur de plusieurs initiatives pour partager son héritage.
Il est considéré comme un pionnier du syndicalisme chrétien. L’abbé Louis Bridel a marqué la ville de Fougères, en Ille-et-Vilaine, où il a officié comme vicaire pendant une quinzaine d’années à partir de sa nomination à l’église Saint Léonard en 1913. En témoignent aujourd’hui une rue Abbé Bridel et surtout la statue de l'abbé Bridel, installée place Lariboisière en 1937.
“Au moment de sa nomination à Fougères, raconte le père Louis-Emmanuel de la Foye, l'actuel curé des paroisses de Fougères, il est profondément marqué par l’encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII, [publiée en 1891 NDLR], et qui marque un changement de positionnement de l’Eglise par rapport aux grandes transformations sociales et politiques du tournant du siècle.”
Il va consacrer sa richesse personnelle et son apostolat à la cause ouvrière. “A l’époque il y avait beaucoup de vicaires à Saint-Léonard, sourit le père Louis-Emmanuel de la Foye, contrairement à aujourd’hui. Donc il avait du temps !” L’abbé Bridel lance les premiers syndicats, les premières coopératives d'achat, les premiers logements sociaux. Il crée même la cristallerie de Fougères, entreprise pilote du point de vue du fonctionnement, pour permettre aux ouvriers d'avoir toutes les clés en main pour maîtriser l'outil de travail, la production et la vente.
“Son intuition, c'est que les ouvriers doivent prendre en main leur vie, leurs conditions de travail, de logement, leurs rémunérations, explique le père Louis-Emmanuel de la Foye, et surtout pas que l’on fasse les choses à leur place.” Son action agace les autres vicaires, proches de la noblesse fougeraise qui le déteste, mais “ce qui me plait beaucoup dans sa figure, insiste le père Louis-Emmanuel de la Foye, c’est qu’il ne revendique rien. Ce n’est pas un théoricien, malgré son doctorat en théologie, c’est un homme d’action, de terrain. Il a repéré une pauvreté qui n'était prise en charge par personne et il s'est dit que, comme prêtre, comme disciple du Christ, il devait agir.”
C'est une figure importante pour Fougères et pour l'Église parce que c'est l’époque du catholicisme social, dans la lignée de Frédéric Ozanam, le témoignage d'un nouveau monde dans lequel l'Église a un peu tâtonné et l’abbé Bridel est précurseur de ce qui a constitué la doctrine sociale de l'Église.
Preuve de l’attachement des ouvriers de Fougères : à ses obsèques, en 1933, à Martigné-Ferchaud, 800 ouvriers de la ville prennent le car pour lui rendre hommage. “Les obsèques sont grandioses, ce qu’il n’aurait pas beaucoup aimé, imagine le père Louis-Emmanuel de la Foye, mais c’est l’attachement sincère que les gens avaient pour lui qui s’est exprimé.”
La statue inaugurée quelques années plus tard, en 1938, porte sur son socle l’inscription A l’abbé Bridel, la classe ouvrière reconnaissante. Noircie par les années, cette statue a récemment fait l’objet d’une collecte de dons au sein de la paroisse pour permettre sa prochaine rénovation en 2025. La paroisse a aussi pour projet de créer une exposition permanente dans les églises de Saint-Léonard et Notre-Dame-de-Bonabry. Elle a déjà collecté quelques objets : l’armoire personnelle de l’abbé, sa cape et son crucifix.
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