Apôtre des Hurons, patron du Canada, il a été martyrisé par les Iroquois.
Saint Jean de Brébeuf, missionnaire jésuite qu’on a surnommé « le géant des missions huronnes », est le chef d’un groupe de martyrs qui comprend 6 prêtres missionnaires jésuites et 2 laïcs parmi lesquels le plus connu est Isaac Jogues, mort en 1646. Le groupe est fêté par l’Église universelle le 19 octobre, mais la figure de saint Jean de Brébeuf est tellement marquante qu’il est aussi fêté séparément, le 16 mars, jour anniversaire de son martyre.
Jean de Brébeuf est né à Condé-sur-Vire, en Basse-Normandie, le 25 mars 1593. À 24 ans, il entre au noviciat des Jésuites à Rouen. Il est ordonné prêtre à Pontoise en 1622. Jusqu’en 1625, il assumé la charge d’économe au collège de Rouen. Son supérieur, le provincial de France, le père Pierre Coton, le choisit alors pour les missions de la Nouvelle-France. Il s’embarque à Dieppe en avril 1625 et arrive à Québec en juin.
En 1626, il est finalement envoyé en mission aux pays des Hurons à plus de 1000 km de Québec. À l’époque, les colons français entretiennent des liens commerciaux avec les tribus des Hurons. Si l’alliance des Français avec les Hurons offre des avantages, elle a aussi l’inconvénient de les opposer aux ennemis héréditaires des Hurons, les Iroquois, ceux-là même qui, plus tard, vont martyriser Jean de Brébeuf.
Le voyage du père Jean est très éprouvant. Il dure entre 20 et 30 jours. Brébeuf prend des notes pendant le voyage qui font de lui l’un des principaux chroniqueurs de cette grande route de l’Ouest.
À son arrivée chez les Hurons, le père de Brébeuf s’établit à Toanché I, dans la tribu de l’Ours, la plus importante des quatre grandes familles de la confédération huronne. Il y reste 3 années qu’il met à profit pour apprendre la langue et mieux connaître le milieu huron. Malgré ses efforts, il n’arrive pas à amener des personnes au Christ.
En 1629, la colonie se rend aux Anglais. Brébeuf rentre en France. Lorsque la France récupère ces territoires en 1633, il retourne au Canada. Son supérieur, le père Paul Le Jeune, le charge de fonder une véritable mission en pays Huron. L’idée est de profiter des bonnes relations avec les Hurons pour constituer une mission type, reproductible plus tard dans d’autres lieux.
Le père de Brébeuf s’installe avec deux autres jésuites à lhonatiria (Saint-Joseph I), bourg voisin de Toanché. L’évangélisation est très difficile. Les prêtres commencent avec les enfants, tout en sachant que l’étape décisive est la conversion des adultes. La première conversion d’adulte a lieu en 1637. Quatre années plus tard, il n’y avait encore que 60 chrétiens. Malgré tous les efforts des trois prêtres, la mission rencontre donc une grande résistance. Selon Brébeuf, cette résistance serait due à trois facteurs :
En effet, avec l’arrivée des européens arrivent aussi des virus pour lesquels les Amérindiens n’ont pas développé de résistances. Cela provoque de véritables hécatombes. En 1634, c’est une épidémie de petite vérole accompagnée de dysenterie ; en 1636, c’est une grippe maligne et en 1639, de nouveau la petite vérole. Les Hurons paient cher leur proximité avec les européens et dans certains lieux, deux tiers de la population huronne disparaît. Du côté iroquois, les dégâts sont moins importants car leurs contacts avec les Anglais et les Hollandais sont plus limités.
En Huronie, ces épidémies à répétition rendent la présence des missionnaires de plus en plus insupportable. En 1637, il y a même un soulèvement contre Brébeuf et ses compagnons dirigé par les sorciers. On en arrive à penser à la possibilité de mourir massacré et le père de Brébeuf adresse même à son supérieur, le père Le Jeune, une sorte de lettre-testament dans laquelle il annonce le possible massacre de tous les missionnaires de la mission.
En 1638, Brébeuf fonde un nouveau poste missionnaire à Téanaostaiaé (Saint-Joseph II). De nouveau, il doit faire face à des oppositions violentes : croix abattues, jets de pierres sur la chapelle, bastonnades, menaces de haches et de tisons enflammés. Le peu de chrétiens convertis hésitent. Plusieurs renoncent à la foi, au grand désespoir de Brébeuf. En 1640, un missionnaire est blessé et le père Chaumonot subit la bastonnade.
En 1640, les missionnaires se déplacent et fondent deux nouvelles missions : l’une chez les Algonquins, l’autre chez les Neutres, une tribu de Hurons. Brébeuf et Chaumonot sont désignés pour cette dernière. Ils rencontrent à nouveau une terrible résistance. Ils sont partout repoussés, outragés, injuriés… et finalement, le père de Brébeuf glisse sur la glace et se casse la clavicule. Il est renvoyé à Québec après 7 années de présence continue en Huronie. À Québec, il devient procureur de la mission huronne, c’est-à-dire responsable de l’intendance des missions et de l’organisation des convois de marchandises pour les missionnaires. Un travail difficile car la guerre avec les Iroquois provoque la perte de différents convois.
Avant d’aborder la dernière partie de sa vie, intéressons-nous à la vie spirituelle de Jean de Brébeuf qui est marquée par trois étapes importantes :
En septembre 1644, le père de Brébeuf retourne en Huronie. Il reprend son poste au moment même où commence l’agonie du peuple huron. L’opposition entre Hurons et Iroquois est ancestrale. Elle est maintenant attisée par les relations commerciales avec les européens. Les Iroquois désirent jouer auprès des Hollandais le rôle des Hurons auprès des Français. Mais ils manquent de fourrures sur leur territoire. Ils s’attaquent alors aux riches convois des Hurons. Les Hollandais les aident en leur donnant des armes. C’est une manière pour eux de lutter contre la France, car la ruine des Hurons entraine celle du commerce des peaux français et, du même coup, la ruine de la Nouvelle-France. Après les attaques de convois, les Iroquois s’enhardissent et commencent une véritable extermination du peuple huron.
En 1649, une troupe de plus de 1.000 Iroquois attaquent les villages de Saint-Joseph et de Saint-Michel. Le père Antoine Daniel meurt transpercé par les flèches. Le 16 mars, le père de Brébeuf est fait prisonnier. Il subit un martyre atroce au village de Saint-Ignace, raconté par un témoin oculaire. Il est lié à un poteau de torture et bastonné. On verse sur lui de l’eau bouillante pour se moquer du baptême et on commet toutes sortes d’exactions dont je vous fait grâce. Puis il est brûlé vif. Comme le supplicié a supporté tout cela sans une plainte, les Iroquois admirent son courage et mangent son cœur après sa mort pour s’approprier sa force.
Ce geste symbolique assez inhabituel a valu à saint Jean de Brébeuf le surnom d’« apôtre au cœur mangé ». Puissions-nous à notre tour être des « apôtres au cœur mangé », non pas physiquement par les hommes évidemment, mais spirituellement : que notre cœur soit dévoré par le zèle de transmettre la Bonne Nouvelle de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, venu pour nous sauver, que notre cœur brûle du désir que tous les hommes soient sauvés.
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