Quelle est la véritable doctrine de l'Eglise en matière de sexualité dans le couple ? Anne Rizoulières, conseillère conjugale et familiale eu sein du service diocésain de la Pastorale des familles, nous explique cela dans Midi Lorraine, à travers sa chronique quinzomadaire "Couple et famille".
Aujourd’hui je souhaite vous parler de sexualité et du regard que l’Eglise porte sur elle. Sortons résolument de la vision très moralisatrice que l’on en a souvent et entrons dans une réflexion sur le sens de la sexualité. Elle dit quelque chose de l’Homme et à travers lui, quelque chose de Dieu ! Le premier à s’être emparé du sujet et à développer une véritable théologie des corps est le pape St Jean-Paul II, qui l’a déployé sur 129 catéchèses. En partant de la Genèse et des 3 expériences fondamentales que l’homme fait dans ces récits : la solitude, la nudité et le besoin d’union, St Jean-Paul II montre que l’homme est dès le départ créé pour vivre avec et pour quelqu’un, c’est ce qui fonde son humanité. Et c’est dans cette communion de l’homme et la femme que Dieu révèle son être intime. C’est bien dans la communion des êtres, et en particulier dans la communion des corps, que l’invisible devient visible, que Dieu se manifeste le plus parfaitement. Dans cette perspective, la relation sexuelle est toujours un don total de soi. Et donc elle n’a de sens que lorsqu’elle est vécue dans un engagement réciproque. On sait bien que ceux et celles qui ont considéré le sexe comme un jeu, ou un bien de consommation ont beaucoup de mal ensuite à croire en l’amour et gardent une image d’eux-mêmes très dégradée.
RCF : La sexualité encouragée par l’église catholique est un don réciproque et respectueux. Elle ne peut jamais être possession ou domination.
La sexualité est le langage ultime de la communion avec le conjoint. La sexualité est l’union des corps qui révèle l’union de toutes les dimensions des 2 conjoints. Si elle est vécue dans une dichotomie avec le cœur et l’esprit, cela provoque comme un éclatement de la personne et cela ne permet pas l’épanouissement que l’on trouve dans la recherche de l’unification de l’être. Il est donc essentiel de vivre la sexualité dans une communion, qui ne peut se dispenser de la communication !
L'Église considère que l'acte sexuel comporte deux significations qu'il convient de ne pas séparer :
Contrairement à ce qui a été longtemps proclamé dans le catéchisme, l’église considère que le premier fruit de la sexualité est l’unité entre les époux, la croissance de leur amour, l’épanouissement de chacun des conjoints.
RCF : La première fécondité du couple est donc bien la croissance du couple lui-même
Cependant, il ne faudrait pas oublier la dimension procréative du mariage, qu’il ne faudrait pas limiter uniquement à la procréation humaine, le fait de mettre au monde des enfants.
Par l’amour réciproque nait et grandit une force nouvelle qui peut donner l’élan pour lancer de grands projets. L’enfant peut bien sûr faire partie de ces projets, mais il n’est pas la seule manière de réaliser un projet de couple. Le lien établi par l’église entre la fonction d’union et de procréation explique pourquoi l’église s’oppose à tout ce qui pourrait amener une disjonction entre l’union et la procréation. On trouve ici les recommandations faites concernant les moyens de contraception et les méthodes de procréation médicalement assistée. L’église veut maintenir unies les 2 fonctions de la sexualité et propose un chemin très exigeant en vue de faire grandir le respect de chacun des conjoints, du rythme biologique, et éviter le plus possible l’instrumentalisation du corps de l’autre pour assouvir un plaisir personnel.
Cependant l’église sait aussi que ce chemin est très exigeant et ne peut pas être adopté par tous les couples. Chaque couple est en fait invité à un dialogue en vérité pour discerner ce qui est le mieux pour l’unité de son couple. Dans la constitution Gaudium et Spes, on trouve écrit : « la conscience est « le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre […] et donc ce sont en dernier ressort les époux eux-mêmes qui doivent arrêter leur jugement devant Dieu ». L’église donne des repères qui permettent à chacun de prendre conscience des dangers de certaines solutions, de leurs conséquences pour soi-même, pour le couple et pour la vision anthropologique globale.
L’église offre une boussole avec les points d’attention, mais c’est à chacun de tracer sa route et de choisir le chemin qu’il peut en conscience emprunter, en fonction de sa situation, de son état, de son histoire aussi. Une décision pourra être possible pour l’un à un moment donné et pas pour un autre couple, ni même pour le même couple à un autre moment.
Par exemple, si un des membres du couple était dans une frustration permanente (parce que les périodes non fertiles correspondent aux périodes du cycle où la femme est la moins désireuse d’union et où l’union est la moins agréable, ou pour les couples souvent en célibat géographique) ou dans une peur constante d’une éventuelle grossesse, cela nuirait considérablement à la fonction unitive et cela pourrait alors exiger que dans un dialogue conjugal sincère, avec l’implication des 2 conjoints, ils adoptent pour un temps une méthode de contraception non naturelle.
RCF : L’Eglise balise surtout la route pour permettre à chacun et chaque couple de choisir son chemin, celui qui permet de grandir en humanité et donc en sainteté.
L’Eglise a besoin de couples épanouis, qui sont signes visibles de l’amour de Dieu. Ce n’est pas dans la frustration que nous pourrons être ces chrétiens-là, mais dans une vie harmonieuse et choisie dans toutes ces dimensions.
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