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Sortir de la solitude : que nous disent les Pères du désert ?

Un article rédigé par Madeleine Vatel - RCF, le 11 janvier 2024 - Modifié le 11 janvier 2024
Je pense donc j'agisSortir de la solitude : que nous disent les Pères du Désert ?

Les Pères du désert sont méconnus. Et pourtant, ces moines qui ont vécu au IVème siècle ont beaucoup à nous dire sur la solitude et la vie avec les autres. Ils ont tracé un chemin de spiritualité qui reste à découvrir. Qu’est-ce que ces hommes ont appris en voulant s’éloigner de leur contemporain pour mieux se rapprocher de Dieu ? Qu’ont-ils à nous transmettre, dans cette recherche de Dieu ?

"La lumière du désert", film de Marc Jeanson "La lumière du désert", film de Marc Jeanson

À l’évocation du nom Père du désert, c’est le lointain qui apparait : un éloignement géographique, vers l’Égypte, dans le temps, en remontant au IVe siècle après Jésus-Christ, et loin de nos modes de vie, loin du bruit et des foules. Certains ont vécu en ermite, d’autres en communauté, ils sont aussi évoqués comme les pères de la vie en monastère. Pourquoi la démarche de ces hommes partis au désert continue de fasciner ? "C’est le côté mystérieux, dépaysant qui attire, et notamment dans une société citadine, qui cherche la sobriété. Cela répond au besoin de retrouver une unité intérieure, dans un monde dispersant, qui divise", explique le frère Ayroulet, moine de saint Joseph, enseignant-chercheur à la facultés de théologie de l'Université Catholique de Lyon. Professeur en théologie et en patristique – c’est-à-dire les pères de l’Église, dont font partie les Pères du désert. 

S'il est juste d’associer ces moines à une certaine sagesse, une rupture avec le monde, ce n’est en revanche pas tout à fait exact de les imaginer au Sahara. "Quand on dit désert, il ne faut pas penser Sahara, c’est plutôt un désert d’habitation. Ils cultivaient des légumes, ils étaient plutôt retirés du contact avec les autres humains, et espérant savoir si cette relation à Dieu peut suffire à donner un sens à sa vie", détaille Pierre-Yves Brandt, pasteur, professeur de psychologie de la religion à l’université de Lausanne, docteur en théologie. Beaucoup d’images d’Épinal circulent à leur propos. Aujourd’hui encore, les moines n’errent pas dans le désert, mendiant leur nourriture à ceux qui passent. Ils ont de grandes exploitations agricoles, des élevages. À l’heure des récoltes de dattes par exemple, ils peuvent même parfois embaucher jusqu’à 2000 personnes. 

Une vie sans règle commune

À la différence des monastères en Europe, les Pères du désert ne se retrouvent en communauté qu’à quelques occasions, pour les offices notamment. Ces lieux sont connus des environs, ce sont de véritables oasis de ressources spirituelles : la dimension d’accueil est portée par la communauté , il n’y a pas de père hôtelier. Les moines vivent sans règle commune, chaque moine a son rythme quotidien, et le père Abbé fédère la communauté, sans toutefois la diriger.

 

Un accompagnement spirituel vivant

"J’ai eu cette chance de faire des séjours à St Macaire dans le désert égyptien, entre le Caire et Alexandrie", se souvient le frère Elie Ayroulet. "Les moines y vivent vraiment dans la stricte ligne des pères du désert, avec une dimension érémitique, et communautaire. Chaque moine va choisir un ancien pour le guider tout au long de sa vie : il existe un rapport très personnel de chaque moine avec son père spirituel."

Cette obéissance au père spirituel est une des richesses des Pères du désert. Une obéissance ni servile, ni aveugle, mais vécue comme un chemin vers la liberté. La solitude peut conduire à des excès, des questionnements, des ruminations, de la paresse, le doute, l’autosatisfaction. Face à cela, prendre un avis, c’est s’orienter vers la bonne mesure, se décharger d’un certaine culpabilité.

"Dis-moi une parole", c’est la requête formulée par les moines dans leur rencontre avec leur père spirituel. "Demander un père de trouver une « parole » c’est lui demander ce qui peut me mettre sur la route de la vie. Ce n’est pas « Dis et je vais faire ce que tu dis ». Un vrai père spirituel aide l’autre à trouver en lui son propre chemin vers Dieu. Ce n’est pas un prêt à porter", témoigne sœur Marie, bénédictine spécialiste des mères du désert. "Le silence a une grande place. Face au moine qu’il accompagne, le père peut rester profondément en silence, pendant longtemps. Il fait attention à sa parole, elle nécessite un grand détachement."

Un vrai père spirituel aide l’autre à trouver en lui son propre chemin vers Dieu. 

Rien de zen

La vie d’un Père du désert est loin d’être un calme absolu. "On les appelle les ‘athlètes du désert’, ils peuvent endurer la solitude, la veille, les tourments, le jeûne. La seule chose qui perturbe cette discipline c’est la visite de quelqu’un qui passe. L’hospitalité passe avant toute chose", rappelle le pasteur suisse Pierre-Yves Brandt. 

 

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