Il faut lire et relire le Livre d'Isaïe (chapitres 42, 49 et 53), pour approcher la figure du serviteur. Les Pères de l'Eglise et les premiers chrétiens y ont vu la figure du Christ lui-même. Pour Gilles Rebêche, cette figure "ne désigne personne" et reste énigmatique, tantôt réconfortante, tantôt rejetée. Responsable de la Diaconie du Var, il publie "Sur les chemins du Serviteur" (éd. L'Atelier) où il développe une spiritualité du serviteur.
Deux mots qui vont bien ensemble et qui s'enrichissent l'un l'autre. "La miséricorde, décrit Gilles Rebêche, est une vertu, un don, une grâce, une posture" qui fait du service non pas un savoir-faire mais un savoir-être. Sans la miséricorde, le service serait pour le diacre "une station service", "une prestation".
Etre serviteur, cela n'a rien d'un grade ni d'un titre. Au contraire, dans cette figure profondément évangélique, il y a quelque chose de l'ordre du dépouillement. "Quiconque s’élève sera abaissé ; et qui s’abaisse sera élevé" (Lc, 14, 11), dit la Bible. Souvent on croit que c'est lorsque l'on est utile que l'on a du prix. "Le Christ est encore plus serviteur quand il est crucifié, quand il ne peut plus rien faire, quand il entre en communion avec tous ceux qui se sentent inutiles."
"Ce qui s'oppose à la misère sociale ce n'est pas l'insertion mais la communion avec tous ceux qui ont le sentiment d'être fragile ou de ne servir à rien." Etre serviteur, c'est pour le diacre un itinéraire de vie, un acte de foi. Dans ces situations où on a l'impression de ne compter pour rien, "on découvre le goût des autres et le goût de Dieu". Et que l'on est habité soi-même par "le" serviteur.
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