"Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement"
Méditation de l'évangile (Mt 5, 20-26) par le père Bernard Devert
Chant final: "Psaume 135" par Nana Peradze, Le Choeur Saint Siméon
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Je vous le dis :
Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens,
vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens :
Tu ne commettras pas de meurtre,
et si quelqu’un commet un meurtre,
il devra passer en jugement.
Eh bien ! moi, je vous dis :
Tout homme qui se met en colère contre son frère
devra passer en jugement.
Si quelqu’un insulte son frère,
il devra passer devant le tribunal.
Si quelqu’un le traite de fou,
il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel,
si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse ton offrande, là, devant l’autel,
va d’abord te réconcilier avec ton frère,
et ensuite viens présenter ton offrande.
Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire
pendant que tu es en chemin avec lui,
pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge,
le juge au garde,
et qu’on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas
avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. »
Source : AELF
« Tu ne t’en sortiras pas tant que tu n’auras pas payé jusqu’au dernier centime ».
Comment ne pas trembler à l’écoute de cette parole. Se sortir de quoi et payer comment et avec quoi.
Dieu fait de nous des hommes libres. Cette liberté a un prix, notre responsabilité ; elle nous met en face de nos engagements à vivre pour refuser les déshumanisations que causent les résignations, les replis sur soi et le fatalisme.
Un prisonnier, condamné pour un crime passionnel, me demande au moment d’entrer dans la célébration eucharistique comment il peut s’en sortir. Il est juste, dit-il, que je sois derrière les barreaux mais qu’est-ce que je paie, si ce n’est ma liberté confisquée. Il ajoute : comment m’en sortir ? Réparer l’irréparable, payer pour une vie assassinée qui n’a pas de prix.
Cette interrogation ne traduit-elle pas celle que chacun ce matin pourrait se poser ; comment sortir de sa prison intérieure où derrière des barreaux invisibles nous ne savons comment nous en sortir.
Nous tournons en rond.
Il n’est pas indifférent de rappeler que le mot maladie en hébreu, veut dire précisément cela.
Il s’agit de sortir de nos pensées enfiévrées donnant priorité à la recherche de la tranquillité alors que la foi est précisément une invitation à plonger dans des eaux baptismales appelées à nous faire quitter cette sécurité apparente qui n’est qu’abîme.
Vivre, ce n’est pas avancer là où l’on a pied mais entrer dans la confiance pour sortir de ces rivages qui nous rivent à nos illusions sans lendemain.
Pour s’en sortir, ne faudrait-il pas accepter de perdre nos idées de réussites qui, pour reprendre le mot de Christiane Singer, nous ‘langent’. Or cet état sans doute nous protège, mais de quoi pour nous laisser là où nous en sommes, sans autoriser cette louange traduisant le temps d’une ouverture désarmante, si heureuse pour nous permettre de prononcer enfin ce oui : qu’il me soit fait selon la Parole.
Une parole apprenante et vivifiante. Elle est celle de cette ‘petite fille espérance’ nous invitant à sortir de nous-mêmes, à quitter nos rives tranquilles qui nous rivent à nos certitudes, pour aller vers le grand large affronter les tempêtes avec ce simple radeau qu’est la foi.
Pour répondre à l’appel du Christ si désarmant, Viens et suis-moi, il n’est d’autre choix que d’avancer démunis. Là, seulement, commence l’aventure de la foi.
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