"Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?" (Lc 6, 39-42)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus disait à ses disciples en parabole :
« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?
Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?
    Le disciple n’est pas au-dessus du maître ;
mais une fois bien formé,
chacun sera comme son maître.

    Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère,
alors que la poutre qui est dans ton œil à toi,
tu ne la remarques pas ?
    Comment peux-tu dire à ton frère :
“Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”,
alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

Source : AELF

Méditation Père Nicolas de Boccard   

            En général nous sommes plutôt bienveillants envers nous-mêmes, plus exigeants envers les autres. La Fontaine avait cette merveilleuse expression dans Les Fables : « Lynx pour les autres, taupes pour soi-même ! ». Tout simplement parce que notre vue et notre compréhension des choses, en particulier notre regard sur les autres, sont limitées. Nous voyons de l’extérieur. Seul Dieu voit dans le cœur de l’homme, de l’intérieur. Il voit et sait nos limites.

            Saint Thomas d’Aquin, qui a réalisé cette œuvre magistrale et inégalée de la compréhension du mystère de Dieu dans la Somme Théologique a dit à la fin de sa vie : « Tout cela c’est de la paille », non pas parce que c’était faux, mais parce que ce n’était rien face à la grandeur du mystère de Dieu qu’il avait entrevu dans sa foi.

C’est pour cela qu’il nous faut réaliser en nous l’inverse de notre pente naturelle : être exigeant pour soi, tolérant pour les autres. Dans une société qui a tellement tendance à enfermer les gens sous une étiquette, et ne plus leur permettre d’évoluer, nous sommes invités à accepter d’être instruits, formés, éclairés sur nos propres cécités. Pour ce faire, il nous faut accepter de ne pas tout comprendre et tout savoir. L’humilité est la première des vertus chrétiennes, elle est la porte par laquelle Dieu entre en nous.

Peu de temps avant sa mise à mort, Ignace d’Antioche que nous fêtons en ce jour écrivait : « C’est le Christ que je cherche, lui qui est mort pour nous ; c’est Lui que je désire, lui qui est ressuscité pour nous. Mon enfantement approche, laissez-moi embrassez la pure lumière, une eau vive murmure en mon cœur : viens vers le Père : alors je serai pleinement un homme »