Il arrive qu'en voulant être aux côtés des plus pauvres on décide pour eux. Comment être serviteur sans asservir? Gilles Rebêche a développé une spiritualité du service,
"On ne naît pas serviteur, on le devient." Pour faire comprendre la spiritualité de la diaconie et du service du frère, Gilles Rebêche, responsable de la diaconie du Var, vient de publier "Sur les chemins du Serviteur" (éd. L'Atelier). Un livre né à l'occasion de l'Année de la Miséricorde. Il s'agit d'une série de commentaires de l'Evangile de saint Luc, qu'il appelle "l'évangile de la miséricorde". Dans son ouvrage, il développe la spiritualité de la diaconie: à la lumière de la Bible, il explique les différentes façons d'être au service du frère, à ses côtés dans l'épreuve.
Si l'Évangile de Luc guide la réflexion de Gilles Rebêche, celui-ci puise dans les textes d'Isaïe et plus particulièrement dans les célèbres chants du serviteur. Le serviteur, "figure énigmatique" s'il en est, que les Pères de l'Eglise, notamment, ont "tout de suite reconnu comme étant Jésus", explique Gilles Rebêche. Il est selon le diacre en "toile de fond de plusieurs chemins", comme ceux d'Emmaüs ou de Gaza.
Le chemin d'Emmaüs, c'est "celui de l'épreuve de la foi", ce moment où, face à l'épreuve, on se demande si on ne s'est pas trompé. Deuil, abandon, fatigue, avance en âge, échec professionnel... "Saint Luc nous apprend à nous faire miséricorde à nous-mêmes." Ce texte qui émouvait beaucoup l'abbé Pierre est "celui où on passe du visage sombre au cœur brûlant".
LA DIACONIE DU VAR - L'élan est né en 1982 sous l'impulsion de Mgr Gilles Barthe (1906-1993), alors évêque du diocèse de Fréjus-Toulon. Son intuition: sortir d'un rapport de bienfaisance de l'Église vers les plus pauvres et intégrer pleinement les personnes en situation de fragilité au sein de la vie paroissiale et sacramentelle de l'Église.
Une foi en dialogue. Dans les Actes des Apôtres, le diacre Philippe marche sur la route de Jérusalem vers Gaza. En plein désert, il rencontre un haut-fonctionnaire eunuque, qui l'invite à monter dans son char. Gilles Rebêche souligne "la qualité de la rencontre", un moment "de communion et de joie partagée".
Il explique que Philippe ne cherche pas à tenir les rênes du char: "On ne peut devenir serviteur que si l'on consent à ne pas tenir les rênes." Être serviteur c'est aussi se rendre disponible au cheminement intérieur de l'autre. Or, parfois en voulant être aux côtés des pauvres, on décide pour eux, à leur place, souligne Gilles Rebêche.
À l'origine de nombreuses associations caritatives, Gilles Rebêche est diacre, délégué épiscopal à la Solidarité et la Pastorale du deuil pour le diocèse de Fréjus-Toulon, coordinateur de la Diaconie du Var.
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