Aujourd'hui, on mange bio, on est pour le zéro déchet, mais on utilise le téléphone dernier cri... la sobriété n'est-elle qu'un effet de mode ? Et derrière cela, n'est-on pas pris dans quelque chose de décidément compliqué ? "Pas si facile d'être simple", c'est le dossier que signe la journaliste Maryline Chaumont pour le numéro de mars de Panorama.
LA SOBRIÉTÉ, LE THÈME DU CARÊME 2018 - Ce mercredi 14 février commence le Carême, une période de 40 jours pendant laquelle les chrétiens se préparent à la fête de Pâques, la résurrection du Christ. Cette année pour le Carême, nous vous invitons à méditer le thème de la sobriété.
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Le Carême, depuis 2.000 ans, c'est le temps de la simplification pour les chrétiens. On peut difficilement parler d'effet de mode ! Sauf qu'en 2018, cela répond pourtant à de réelles préoccuations contemporaines. En 2015, avec Laudato si’, le pape François encourageait à une conversion intégrale, faisant un lien direct entre écologie et spiritualité.
C'était la première fois qu'une encyclique recevait un tel écho en dehors de l'Église, et notamment chez les écologistes non chrétiens. Du côté des fidèles, le pape venait à bout de certaines craintes vis-à-vis d'une vision idéologique totalisante de l'écologie ou d'un militantisme de la simplicité. "Ça pourrait vite devenu une idole, ou une idéologie, concède Alexis Voizard, mais cette conversion écologique, elle est certes environnementale, mais elle est également humaine et spirituelle."
Les journées sans voiture, sans smartphone ou sans déchet, aussi incitatives soient-elles, n'en restent pas moins détachées de la réalité quotidienne de nos vies. Difficile pour une famille nombreuse de ne produire aucun déchet ! Aussi pour entrer dans une conversion écologique il faut un déclic, une prise de conscience comme le dit Jean Aubin, mais aussi se dire que la simplicité "ça se construit peu à peu dans le quotidien et ça se reçoit", observe Maryline Chaumont.
Son déclic, Alexis Voizard l'a eu d'abord eu grâce à Laudato si'. "Ça nous a clarifiés dans les enjeux sur ce sujet et ça nous a fait prendre conscience qu'on ne pouvait pas unifier notre vie en faisant abstraction de ce sujet de l'écologie intégrale." Puis il y eut le coup de pouce avec le film documentaire "Demain" (2015). Dans "Comment sauver la planète à domicile" (éd. L'Emmanuel), qu'il a co-écrit avec sa femme Adeline, le père de famille explique comment, à partir de son verre à dent - dont l'usage permet de consommer moins d'eau dit-il - il en est venu à modifier ses habitudes de vie. Compost, achats responsables ("et pas que bio"), recyclage des ampoules... Autant d'habitudes changées les unes après les autres, certes "triviales" mais sources de "joie de poser ces actes justes et bons".
Et comme le rappelle Jean Aubin, "il ne faut pas se tromper de combat". On peut adopter des petits gestes respectueux de l'environnement toute l'année, si l'on part en avion à l'autre bout du monde pour les vacances on ne fait que multiplier son empreinte écologique ! Une remarque qui incite à approfondir nécessairement le sujet. L'écologie est un sujet de justice sociale. Pour Jean Aubin, auteur de "Sobriété et solidarité" (éd. Salvator) : "La solidarité passe par la sobriété chez les plus riches." À chacun de prendre conscience que la solution passe aussi par lui.
Le Happy Planet Index 2017 plaçait le Costa Rica en tête des pays où on est le plus heureux. Le Costa Rica - et non la Suisse, les États-Unis ou la Norvège - de quoi rassurer ceux qui auraient peur de manquer. "Les études faites sur le bonheur et la croissance de la consommation, montrent qu'à partir d'un certain niveau de consommation, consommer plus ne sert à rien sur le plan du bonheur, du bien-être", rappelle Jean Aubin.
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