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"Vous donc, priez ainsi" (Mt 6, 7-15)

Un article rédigé par Bernard Devert (50596) - RCF, le 8 mars 2022 - Modifié le 8 mars 2022
Prière du matin"Vous donc, priez ainsi" (Mt 6, 7-15)

"Vous donc, priez ainsi"

Méditation de l'évangile (Mt 6, 7-15) par le père Bernard Devert

Chant final: "Le chant du Père" par le groupe Glorious

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Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Lorsque vous priez,
ne rabâchez pas comme les païens :
ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
Ne les imitez donc pas,
car votre Père sait de quoi vous avez besoin,
avant même que vous l’ayez demandé.
Vous donc, priez ainsi :
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Remets-nous nos dettes,
comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes
à nos débiteurs.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mal.
Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes,
votre Père céleste vous pardonnera aussi.
Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes,
votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »

Source : AELF

Méditation Père Bernard Devert

Assez, dit le Seigneur, de rabâcher des prières, des paroles qui ne vous engagent pas, un confort intellectuel peut-être, mais la dimension spirituelle n’est pas surtout pas cela, elle est une prise de conscience qui n’autorise pas de rester dans une attente passive et finalement destructrice de l’espérance.

Il nous souvient de ce mot du Christ, parfois mal interprété pour être percutant, jugé même brutal : « les pauvres vous en aurez toujours ». L’expression est juste ; si vous ne changez pas, qu’est-ce qui pourra changer. Or, nous sommes le sel de la terre, la lumière du monde.

Acceptons l’interrogation du Christ ; Il demande sans prononcer un jugement, mais que faites-vous changer ? Il y a urgence. Comment ne pas l’entendre en termes de reconnaissance de ce que nous sommes pour lui.

Reconnaître, c’est naître.

Dans son roman, Mort d’un chartreux, Gérard Vincent trouve les mots qui peuvent nous aider à entrer dans l’intelligence de l’écriture. Je vous les partage :

« l’Esprit Saint ne prend jamais rendez-vous ! Il ne nous demande jamais de nous rendre. Il nous demande de surgir, de se lever, de marcher d’être pleinement un homme et une femme, sans jamais renier l’enfant en nous qui fait confiance et peut recevoir le Royaume ».

Recevoir ce Royaume, c’est accueillir le pain de la vie qui est aussi celui du pardon. Il n’y a pas lieu effectivement de prendre rendez-vous avec le Père. Il nous attend pour être dans une perpétuelle confiance en l’homme. Il croit que nous changerons. La parabole de l’enfant perdu et retrouvé présente ce Père en situation de veille. Il n’exprime aucun reproche ; quand il aperçoit son enfant, il se jette dans ses bras. L’amour est désarmant.

 

Non seulement, tout est dit, plus exactement accompli, c’est son enfant qu’il reçoit. Il a pris de coups mais bien moins que le Père qui ne lui exprime aucun reproche, encore moins de critiques, tant est grande sa joie de ce retour, trace d’un amour qui opère un retournement. Il y a un étonnement à commencer par celui des serviteurs qui ne comprennent pas : trop, c’est trop.

N’est-ce pas cette démesure qui nous porte et nous transporte vers cette espérance.

A l’invitation du Christ, tournons-nous vers ce Père et demandons-Lui de nous remettre notre dette comme nous –même la remettons à nos débiteurs.

Cet acte de libération ouvre l’horizon :

  • Le Père éprouve la joie de voir ses filles et ses fils se mettre à distance des ruptures pour bâtir l’unité sans laquelle il n’y a pas de sérénité tant les ressentiments nous détruisent.
  • L’enfant, signe de la fragilité, retrouve pleinement sa place pour avoir été souvent oublié. Au meurtre du père, s’ajoute celui de l’enfant que nous avons été. De nouveau, il s’éveille pour se présenter, non comme un souvenir mais une mémoire d’avenir qui ne se comprend qu’avec un cœur d’enfant.

Saint Augustin dit magistralement : « j’étais dehors, Tu étais dedans ». Dieu a un cœur immense, un cœur d’enfant.

  • Ceux que nous libérons de leurs dettes sont aussi ceux avec qui se créent une fraternité et une communion de partage. Aucun d’entre nous – même parmi les meilleurs – n’échappe à ces dettes. Si nous avons, nous aussi, pris notre part pour être à part, voici que le Seigneur nous invite dans la prière de ce matin, à prendre part à cette vie nouvelle.

Comment ne pas en éprouver joie et reconnaissance.

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