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Elise FISCHER « Les femmes des terres salées » (Calmann-Lévy)
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Elise FISCHER « Les femmes des terres salées » (Calmann-Lévy)

Un article rédigé par Anne BOIS - RCF Saint-Étienne, le 27 octobre 2018  -  Modifié le 28 février 2024

1857, en Lorraine. Après la disparition mystérieuse du fermier qui l’employait, un tyran qui abusait d’elle, Emilienne part rejoindre aux Salines de Dieuze sa cousine Henriette, mariée à Eugène, fils de paysan que ne rebute pas le travail dans les puits salés. Emilienne, qui peine à oublier les violences dont elle a été victime, est en butte aux soupçons de la gendarmerie quant à son rôle dans la disparition de son ancien patron.
Au moment où elle s’autorise enfin à connaître l’amour, de terribles accusations l’obligent à fuir pour échapper à l’arrestation. Condamnée à vivre dans la clandestinité, séparée de son époux, elle voit de loin le malheur s’abattre sur les êtres qui lui sont chers. Aux Salines, Henriette est au plus mal : qui s’occupera de ses quatre enfants ?

 

Chronique de Jacques PLAINE publiée dans L’Essor

Elise Fischer - Les femmes des terres salées -  Calmann Lévy - 21 €  50
Elise Fischer a longtemps travaillé pour Côté femme et RCF. Née d’un père Lorrain et d’une mère Alsacienne, elle situe son dernier roman d’abord en Lorraine, à Dieuze et ses salines, puis après la guerre de 1870 - et la perte de l’Alsace et de la Lorraine - à Nancy.
Les deux cousines, Henriette d’abord, Emilienne ensuite, avaient pour seule obsession :  quitter la ferme de Jules Waldmann cette « bête de la chose ». Un obsédé « toujours émoustillé et prêt à planter son dard entre les cuisses des filles de ferme ».
 La première était partie avec un polichinelle dans le tiroir, la seconde avait préféré choisir les secrets de la mère Grisouille, « j’ai pris de la tisane d’armoise, de persil aussi. J’ai mis quelques branches de ces plantes dans l’endroit secret ». Toutes deux, dévastées et fuyant leur passé, s’étaient faites embaucher « aux salines de l’or blanc » à Dieuze. Des salines sur lesquelles l’Empire jetait un regard complaisant.
Mais à la ferme, si Jules le patron était un obsédé du bas du ventre, Germaine la patronne n’était pas non plus une créature à laquelle, comme on dit vulgairement, on aurait donné le bon Dieu sans confession. Le curé du village, le père Berzinger, ne l’avait-t-il pas - certes en se signant - traitée de « garce » ?  Juste avant de lancer en chaire  « Dieu sait tout ».
Et puis un matin - peut-on dire un beau matin - plus de Jules dans le lit de Germaine. Jules s’était évaporé. « S’il a trouvé mieux ailleurs, on va dire ça comme ça, je me réjouis pour lui » avait commenté la femme bafouée, avant de reprendre gout à la vie. Par contre les deux gendarmes – excités par quelques commérages malveillants - s’étaient imprimé sous le képi que c’était Emilienne, oui Emilienne qui avait fait le coup. Une enquête au long cours qui ne dura pas moins de dix ans, polluant les belles années de la jeune femme.
Emilienne pour qui l’orage ne faisait que commencer. L’épidémie de choléra d’abord qui s’invita en Lorraine en 1866, suivie par les déboires de Napoléon III à Sedan ou ailleurs en 1870. Dieuze et les environs de Metz n’allaient-ils pas devenir allemands ?
« Allemande jamais » s’était-elle écriée en serrant les dents.

   

© clichés Louis Reynard

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