La France a mené d’innombrables batailles. Gagnées ou perdues, certaines ont changé de cours de l'histoire. Retour sur les victoires et les défaites de la France avec Dimitri Casali
Pour défendre des territoires ou en conquérir de nouveaux, on fait la guerre. La carte de France s'est dessinée au gré de défaites et de victoires. Dimitri Casali signe avec Vincent Rolin un beau livre, "Victoires et défaites de l'Histoire de France" (éd. Grund). Un panorama de 36 batailles de l'histoire de France, qui entend réhabiliter l'histoire militaire, aujourd'hui "galvaudée", selon l'historien spécialiste de l'enseignement de l'Histoire. Car on l'a oublié, mais "il y a encore 100 ans la guerre était le quotidien des Français".
Pour La Suite de l'Histoire, on a sélectionné 10 batailles:
- Les batailles de Poitiers (732) et Bouvines (1214) - épisode 1
- Les batailles de Crécy (1346) et de Marignan (1515) - épisode 2
- Les batailles de Fontenoy (1745) et de Rocroi (1643) - épisode 3
- Les batailles d'Austerlitz (1805) et de Waterloo (1815) - épisode 4
- Les batailles de Verdun (février à décembre 1916) et Diên Biên Phu (nov. 1953 à mai 1954) - épisode 5
Dans les tribus germaniques, qui peuplaient les forêts du nord de l'Europe, "les hommes étaient libres", contrairement aux citoyens-soldats défenseurs de la cité, dans la civilisation gréco-romaine. Ainsi, les guerriers francs élisaient-ils leur roi et leurs généraux. Avec la victoire de Poitiers en 732, Charles Martel devient le champion de la chrétienté dans toute l'Europe. Ce qui, en 751, permet à son fils Pépin le Bref d'être sacré roi.
"Entre Crécy et Marignan on assiste à un développemet surprenant de l'artillerie." L'apparition de la poudre à canon fait envisager la guerre de façon complètement indédite. En 1328, Charles IV le Bel meurt sans héritier mâle. Il est le dernier des Capétitiens directs: le roi d'Angleterre de l'époque prétend lui succéder. La bataille de Crécy qui ouvre la guerre de Cent Ans (qui durera en fait 116 ans, jusqu'en 1453), opère "une rupture dans les modes de combat", explique l'historien, avec la première utilisation de l'artillerie. A Marignan, l'artillerie constitue un corps extrêmement bien organisé, la victoire est remportée grâce à "une combinaison entre l'artillerie la cavalerie".
Pierre Terrail (1475-1524), seigneur de Bayard, est considéré comme le dernier chevalier. il s'était illustré par "son comportement, son mode de combat et son panache". Après lui et la période médiévale, on entre dans une période appelée "la guerre en dentelle". Un terme un peu humoristique puisque du XVIIè et XVIIIè siècle, l'objectif de la guerre est toujours de tuer des ennemis. Et les démonstrations de politesse entre princes à perruques et jabots, dont on a dit que les batailles de Rocroi et de Fontenoy en étaient l'illustration, cachaient surtout une tactique pour tuer encore plus de soldats.
Pour les soldats de Napoléon, les conditions de vie sont particulièrement difficiles. Mais, souligne l'historien, ce sont des hommes "habitués", en quelque sorte, à la mort, puisque "les conditions de vie jusqu'à la fin du XVIIIè siècle voire du début du XIXè siècle sont extrêmement dures". Ils sont par ailleurs habités, selon Dimitri Casali, par des sentiments "rares aujourd'hui: le patriotisme et le sens de l'honneur".
Un monde sépare Verdun et Diên Biên Phu. Mais il est question dans les deux cas de l'esprit chevaleresque des soldats. En 1916, "ce n'est plus la vaillance du soldat qui prime mais la puissance de feu". Grenades, lance-flamme, tank, obusier à tir courbe, aviation... Avec l'apparition de nouveaux armements, la Grande Guerre constitue "une rupture dans l'art de la guerre". Et Verdun reste le symbole de l'horreur absolue de la guerre. Encore aujourd'hui on se demande, nous dit l'historien, comment les hommes ont pu tenir leurs positions dans de telles conditions. Dimitri Casali rappelle que "les soldats français ont tenu parce qu'ils avaient ce patriotisme chevillé au corps". En 1954, près de 40 ans après, Diên Biên Phu représente un "mélange entre guerre moderne et résurrection de l'esprit chevaleresque". Avec des soldats français qui se battent à un contre dix, dans le relief hostile du nord du Tonkin.
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