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« Les cigognes sont immortelles » d’Alain Mabanckou
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« Les cigognes sont immortelles » d’Alain Mabanckou

RCF,  -  Modifié le 25 octobre 2018
Chaque jeudi Christophe Henning vous propose une chronique sur un nouveau livre.

Tout se passe en trois jours : les trois jours qui suivent l’assassinat du président congolais Marien Ngouabi. Michel, le narrateur, 11 ans, est le fils de Maman Pauline qui vit avec Papa Roger, qui n’est pas son père, mais peu importe. A l’ombre du manguier, Pape Roger écoute la radio. A Pointe-Noire, à 512 km de la capitale, on a du mal à savoir ce qui se passe vraiment à Brazzaville. Et peut-être que le putsch n’a pas d’importance : Le petit Michel continue à circuler dans le quartier, va faire les courses à la petite boutique « au cas par cas », qui dit clairement que le prix est fait à la tête du client. Il rentre à la maison qui est une maison « en attendant », c’est-à-dire fait de tôles et de planches, en attendant d’avoir les moyens de se payer une maison en dur. Maman Pauline continue son commerce de bananes, mais il y a quelque chose dans l’air qui n’est pas comme d’habitude. Et si, finalement, l’assassinat du camarade président allait changer la donne ?
 
C’est évidemment source d’instabilité politique…

 
Et se réveillent les rivalités tribales, les vieilles rancoeurs et les soupçons… En cherchant bien, ne peut-on pas trouver des liens avec l’ancien président ou avec les auteurs de l’assassinat ? Alors que la tension monte, le petit Michel observe les adultes s’agiter, s’invectiver, et s’en prendre à leur voisin avec qui il s’entendait très bien jusqu’alors. Lui, cherche toujours la pièce de monnaie qu’il égare en allant faire les courses pour papa Roger, il cherche son chien qui n’a pas reparu depuis trois jours, comme s’il avait senti l’événement. Il voudrait fuir le monde des adultes, mais à force de traîner se trouve dépositaire d’un terrible secret, à la croisée des affaires publiques et des liens familiaux : « Mon fils, lance maman Pauline, avant de se lancer dans les grandes batailles, il faut déjà gagner les petites… »
 
La petite histoire se mêle à la grande en quelque sorte…
 
Tout à fait. Avec ces jours initiatiques pour le petit Michel, Alain Mabanckou nous raconte l’histoire tumultueuse du Congo naissant, pris entre les régions du nord et celles du sud, à peine sorti du colonialisme, déchiré entre le capitalisme florissant et le communisme conquérant… C’est l’Afrique tout entière qu’il nous raconte à partir des gens de peu, des anecdotes de quartier et de personnages attachants, telle maman Pauline qui affronte la tempête sans faiblir : « Les vieilles mamans n’ont jamais tort, dit le narrateur, elles ont un nez qui sent les ennuis venir de loin, de très loin… » Tout n’est pas perdu : les mères et les héros, tels les cigognes, sont immortels.
 
Les cigognes sont immortelles, d’Alain Mabanckou, Le Seuil. 

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